de Amanda Kernell (Sue-Dan-Nor, 1h53) avec Lene Cecilia Sparrok, Hanna Alström, Mia Erika Sparrok...
Suède, années trente. La jeune Elle-Marja n'en peut plus de l'ostracisme réservé aux membres de son peuple, les Samis. Aspirant à une vie suédoise "normale", elle rêve de quitter ses rennes et ses montagnes pour faire des études à Uppsala. Mais les vents sont tous contraires... Où l'on découvre que les Lapons furent traités comme une ethnie arriérée par les Suédois ; que leur culture (notamment la pratique du joik, un chant traditionnel) et l'usage de leur langue furent asphyxiés avec une intransigeance n'ayant rien à envier aux écoles de la IIIe République, qui bannissaient en classe les patois régionaux.
En suivant au plus près son héroïne, la réalisatrice suédoise Amanda Kernell nous fait ressentir la gêne qu'elle éprouve face aux moqueries, sévices et humiliations qui sont son quotidien. L'injustice également, qui la prive d'avenir, au nom d'une prétendue "inégalité raciale" défendue avec une candide condescendance par l'institutrice – cette "évangéliste de l'État" accomplit, au passage, la besogne d'acculturation par la contrainte que Anders se refusait à effectuer sur les Inuits dans l'excellent Une année polaire de Samuel Collardey.
Magnifiant les couleurs et les rites samis autant que les paysages, ce film n'est cependant pas une carte postale à vocation touristique : tout concourt en réalité à révéler la beauté de sa culture au personnage de Elle-Marja qui, au prologue et à l'épilogue, atteint le crépuscule de son existence.