Mardi 18 décembre 2018 Avec une pépite locale et pas mal de musées isérois.
La fabrique d'un hymne national
Par Benjamin Bardinet
Publié Mardi 29 juin 2021
Photo : (c) Benjamin Bardinet
La Marseillaise
Musée de la Révolution Française
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Le Musée de la Révolution française propose une exposition sur la genèse de la Marseillaise et son adoption comme hymne national. Un parcours passionnant qui invite à une réflexion sur la circulation des mots et des images.
On ne donnait pas cher d’une exposition sur le thème de notre hymne national. Pas tant par manque de patriotisme ou par horreur de ses paroles bellicistes, mais surtout parce qu’on se demandait bien ce que le visiteur allait pouvoir se mettre sous la dent (enfin, sous les yeux…). C’était là ignorer les talents de commissaires des conservateurs des musées de Strasbourg, Marseille et Vizille qui l’ont coproduite. Alain Chevalier, le directeur du musée de Vizille, a fait le choix de s’intéresser à la manière dont la Marseillaise s’incarne dans les arts plastiques. Le parcours, chronologique, démarre en 1792 avec la naissance de ce chant dans les milieux de la bourgeoisie strasbourgeoise à une époque où de nombreux volontaires sont mobilisés en vue d’un affrontement contre la coalition anti-révolutionnaire. Parmi eux, un fameux bataillon de Marseillais contribue à populariser cet hymne lors de son arrivée à Paris en juillet 1792. Plusieurs tableaux montrent la ferveur patriotique propre à la mobilisation de ces volontaires prêts à mourir pour la défense de la Patrie et de la République.
Révolutionnaire
Remisée au placard sous Napoléon et pendant la Restauration, la Marseillaise resurgit avec les révolutions de 1830 et 1848. Elle devient alors un hymne révolutionnaire et son auteur, Rouget de Lisle, une figure mythique. En atteste le tableau de Pils représentant De Lisle déclamant pour la première fois la Marseillaise dans un salon (stras)bourgeois. Une représentation qui devient aussitôt iconique et déclinée sur toutes sortes de supports. Conjointement, l’allégorie de la Marseillaise réalisée en 1833 par Rude apparaît comme la matrice de toutes celles à venir. En nous faisant naviguer entre les mots et les images auxquelles ils font écho (les strophes de la Marseillaise ponctuent le parcours), cette exposition montre avec subtilité comment, en quelques années, ce chant guerrier devient hymne républicain puis révolutionnaire, au point qu’il est internationalement utilisé pour manifester de son désir d’émancipation.
La Marseillaise. Au domaine de Vizille jusqu'au 4 octobre (entrée libre).
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