À Mens, un festival d'oiseaux rares

En voyant l'affiche du festival Mens Alors ! 2022, qui en jette d'ailleurs, le nom de groupe Cannibale nous revient. Remonte avec lui le parfum de Born Bad Records, celui d'un très bon label parisien activiste du rock indépendant, au sein duquel le quintet est une pièce historique. Ça y est, on resitue très nettement les spécimens. Sans eux, on n'aurait jamais extrait d'une note d'intention traînant à la radio, l'expression « garage exotique psyché de cambrousse ». Plus de doute, ce sont bien les refrains de Not easy to cook, drôles et mélodieux, qui nous ont hanté un moment. Sans oublier Es el amor, titre chelou comme pas deux, extrait du dernier album Life is dead de Cannibale, qu'on sollicite souvent pour faire danser les copains. Malgré son budget modeste, Mens Alors ! se maintient depuis 2003 au nom de l'accès aux pratiques culturelles sur son territoire enclavé, et en milieu rural plus généralement. Porté par des bénévoles et une salariée, le festival n'échappe pas comme 140 structures de la région Auvergne-Rhône-Alpes à une baisse de subvention (de 15% dans son cas). Une fois qu'on a rappelé ça, disons encore quelques mots sur les oiseaux rares, de passage cet été par la capitale historique du Trièves. Mens est aux grands axes routiers, ce que les artistes invités à Mens Alors ! sont à la culture : des pépites bien cachées. C'est ce que laisse présager, entre autres, la présence d'André Minvielle, poète béarnais ou « voc'alchimiste », en ouverture le 1^er août. Ou encore Leïla Martial, chanteuse de jazz comme aucune autre, dont la trajectoire est faite d'expérimentations et récompenses pour ses fascinants projets empruntant aux chants des Pygmées, des Inuits, des Tziganes, aux sons animaliers ou tout ça mélangé !

Mens alors !

du 1er au 6 août

Mens (Trièves)

Photo Cannibale_Camille Bokhobza