Original gangster


Pour la troisième édition de son Cinéma de quartier, le Théâtre 145 délaisse quelque temps films de sabres hongkongais et westerns italiens, pour se replonger dans l'univers du film noir américain des années 50. Dédiée au Johnny Staccato Band, qu'on retrouvera d'ici peu entre les mêmes murs, cette nouvelle programmation, plus classique, n'en est pas moins dénuée d'atouts, puisque outre L'homme au bras d'or, d'Otto Preminger, elle sera l'occasion de (re)découvrir le fabuleux L'enfer est à lui (White heat en VO), de Raoul Walsh. Si le premier métrage, où l'on retrouve Frank Sinatra dans le rôle d'un ex-accro à la morphine bien déterminé à réussir sa reconversion en batteur de jazz, laisse quelque peu dubitatif, le second, porté de main de maître par l'interprétation fiévreuse d'un James Cagney au sommet de son talent, balaie tout sur son passage. Introducing Cody Jarrett, gangster psychopathe dénué de la moindre pitié, souffrant à la fois de terribles migraines mettant en danger son équilibre psychique, et d'un amour maladif pour sa mère l'amenant à négliger sa compagne. Après un audacieux hold-up, ce dernier se “planque“ en prison pour un délit mineur, dans l'attente d'un prochain casse. Mais la trahison de plusieurs de ses proches, dont un policier infiltré avec lequel il partage sa cellule, vont accélérer sa chute à grande vitesse. Acteurs habités, scénario complexe, ambitieux, mais dénué de fioritures, mise en scène magistrale… L'enfer est à lui absorbe le spectateur dès les premières minutes, pour mieux le relâcher, hébété, au terme d'un final aux dimensions quasi-apocalyptiques. Sec, violent, et sans aucune concession, le film passionne autant par sa narration au cordeau, irréprochable, que par sa capacité à retranscrire dans toutes ses nuances le chaos mental d'un gangster “bigger than life“, aussi torturé que meurtrier. Tout simplement imparable. DG

Double projection Cinéma de quartier lundi 15 janvier au Théâtre 145.


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Humour anglais