L'homme de tous les défis

portrait / Après avoir remporté un joli succès à Lyon, Michel Didym débarque à la MC2 avec ses Animaux qui ne savent pas qu'ils vont mourir. dorotée aznar


Michel Didym aime les défis et les exercices réputés impossibles. Ce qui fait la réussite d'une pièce selon lui tient en quelques mots : «un bon texte, un bon texte et un bon texte». C'est tout naturellement que le metteur en scène s'est tourné vers l'œuvre de Pierre Desproges, virtuose de la phrase. Didym fait un pari audacieux (périlleux ?) : montrer que la langue de Desproges peut s'adapter à la scène théâtrale. Les Animaux ne savent pas qu'ils vont mourir se compose de différents extraits de sketchs, de réquisitoires du Tribunal des flagrants délires, de chroniques radiophoniques et porte la griffe de Didym, passionné par le théâtre musical.Trauma«J'ai un traumatisme. Je me suis déjà fait chier au théâtre et cela me rappelait les samedis matins où il fait beau et que je devais assister à un cours de maths de 10 heures à midi avec un prof qui écrivait des équations incompréhensibles au tableau. Je ne veux plus revivre ça, ni comme acteur, ni comme metteur en scène. Je travaille sur une forme de théâtre musical parce que la musique m'aide à vivre, à transmettre des émotions qu'on ne peut pas expliquer», nous expliquait Didym récemment. Sa mise en scène de Desproges n'échappe pas au traumatisme originel et intercale entre les saynètes des intermèdes musicaux et chantés qui - c'est une découverte pour beaucoup -, ont été écrits par Desproges lui-même. «Mettre en scène, c'est faire des choix esthétiques sur le style et le sens avec humilité», affirme Didym, choisissant de garder intacte la férocité inimitable, l'audace politiquement incorrecte de celui qui ne riait pas quand les gens glissaient sur des peaux de bananes, ou uniquement s'ils mouraient des suites de leurs chutes.


<< article précédent
Desproges est vivant