Cabinet des curiosités

Panorama / Si l'année 2005/2006 brilla par la beauté de certaines expositions, fêta l'ouverture ou la réouverture de lieux stimulants, 20062007 prolonge sûrement cet envol. Séverine Delrieu


Retour sur une année bénie. Le choc vint avec la grande exposition printanière consacrée à la collection Rupf du Musée de Berne accueillie au Musée de Grenoble. Ce fut pour les visiteurs venus en grand nombre (le Musée enregistra un record de fréquentation à cette occasion), une étonnante déambulation à travers la création du début du XXè siècle. Quelques mois plus tôt, Local.contemporain exposait dans l'allée centrale du même musée, les 40 photographies des "plus beaux dimanches" de grenoblois, alors que 70 autres tapissaient les rues de Grenoble : un geste sociologique qui témoigna de nos mœurs et préoccupations. Bien évidemment, il y eut la réouverture attendue du Magasin. On y découvrit avec intérêt une vraie télévision locale à la Villeuneuve dans les années 70, des films décalés de Godard et de images obsédantes d'Ange Leccia. Mais c'est surtout Review : vidéos et films de la Collection Pierre Huber et spécifiquement la vidéo de Shirin Neshat à "l'atmosphère maladive" (cf. DG) qui enthousiasma. L'ouverture du LIA à La Bastille rassura : un nouveau lieu de qualité dédié à l'art contemporain venait de s'ouvrir. Le Musée de la Résistance invita la mémoire de disparus de la dictature Argentine grâce à l'émouvant travail photographique de Julio Pantoja : des témoignages inoubliables. Au Vog, enfin, on découvrit la démarche artistique humaine et drôle de Nicolas Aiello. En traversant nous suit toujours.Notes de cuisineÀ l'image du Cabinet des curiosités de la Renaissance (ancêtre du Musée), notre sélection d'expos pour cette saison s'avère hétéroclite. Dans la continuité de son exposition précitée, Nicolas Aiello passe son été à Fontaine qu'il occupe à rencontrer les habitants. Il y lie une histoire humaine autour de la cuisine et l'écrit, dans Les Fiches de Cuisines, un livre/objet à échanger ce week-end à Fontaine. On piétine déjà d'impatience de voir à l'Espace Vallès les clichés du fou/baroqueux, le photographe aux mises en scènes les plus étranges : Joël Peter Witkin. Pour les plus tenaces, les films de Matthew Barney seront projetés à Mon Ciné pour un autre baroque suffoquant. Au LIA, l'on attend The Passing de Bill Viola. Alors que sur le même principe que l'année précédente, La Maison de la Photographie réunit photographes de la Région et clichés d'un photographe reconnu autour du thème de la liberté. Du côté des plus grandes institutions, on célèbrera intelligemment les 100 ans du Musée Dauphinois avec deux expositions : d'un côté des êtres impalpables, de l'autre une réflexion sur la lutte pour la liberté. Au Musée de Grenoble, les sculptures et dessins inédits de l'artiste espagnol Juan Munoz, pourraient créer une belle surprise. Alors que De Notre Temps, mélange d'œuvres contemporaines issues de collections privées crée une continuité fort judicieuse avec celle de Rupf, sur l'idée même de collectionner. Enfin, Kadder Attia, jeune artiste français, à la carrière phénoménale, plasticien disant sans détour notre société à travers des installations raides, créera l'événement de la rentrée avec sa pièce inspirée du tsunami qu'il créera au Magasin.


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