Sur notre pas


Expo / Déplacement vers l'autre, l'ailleurs, le passé, les racines ; marche dans une ville, une banlieue, et si ce n'est pas les êtres qui avancent, c'est la caméra qui se déplace dans l'expo En traversant... de Nicolas Aiello. L'ancien élève de l'École d'Art de Grenoble déambule dans les villes et pose un regard empathique et poétique sur l'homme au centre de sa cité, homme lui-même en perpétuel mouvement, en marche. Cette exposition regroupe photos, vidéos, sérigraphies et installation odorifère. Dans les photos couleurs de diverses villes d'Amérique du Sud, Aiello se place dans le dos des personnes, dans leur vision. Souvent c'est la femme qui est en mouvement (fut-elle statufiée ou mannequin dans une vitrine), alors que l'homme est assis et regarde des femmes “sexy” sur magazine. Plus loin, une usine de Montreuil en lambeaux est révélée par des anonymes en balade sur le site. Après avoir suivi, regardé ceux qui marchent, l'artiste devient les yeux grâce à une caméra subjective placée sur son cœur. Dans une banlieue parisienne, il relie deux épiceries qui brassent différentes ethnies. Les soubresauts du coeur perturbent l'image. Cette migration se retrouve dans l'odeur de sauce Al Pomodoro, qui se répand dans la galerie, nous rapprochant de la mémoire des immigrés italiens avec légèreté et humour. Les habitudes culinaires font partie de l'identité culturelle, de l'histoire individuelle. Dans Le camion pizza, Aiello a imprimé sur du papier glacé pour pizzas, des photos d'immigrés italiens en vacances. Une fois servis et récupérés, les papiers forment une sorte de peinture à l'huile “d'olive”. Sous la pizza, une histoire de migration se love. La cuisine est aussi le lieu de lien. En témoigne la vidéo sur le RU. Un plongeur est séparé par une vitre opaque des étudiants venus déposer leurs plateaux. Aiello pose un miroir entre ces deux mondes et le lien se fait et les questions se posent : pourquoi cette séparation, pourquoi cette frontière ? La vidéo sur Yvonne s'avère plus politique et très touchante. Une vieille dame communiste s'exprime sur les dernières lois Sarkozy, et dit cette nécéssité pour certains de venir en France car «chez eux ils n'ont plus rien à manger». La caméra glisse sur son papier peint, sur ses livres, ses photos, résumé émouvant d'une vie. Séverine DelrieuEn traversant... de Nicolas Aiello jusqu'au 31 juillet, au VOG


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