Malédiction reggae


Musique / Pour fêter le 25e anniversaire de la mort de Bob Marley, le Summum accueillera ce samedi Max Roméo et Lee “Scratch” Perry, deux glorieux vétérans jamaïcains revenus d'impairs qui en auraient laissé plus d'un sur le carreau... Auteur d'une myriade de tubes interplanétaires, et bénéficiant d'un respect sans appel des aficionados du genre, Max Roméo n'en reste pas moins une des principales victimes de l'industrie du disque contemporaine. Étranger aux us et coutumes d'un marché dont il ne comprend pas les rouages, ce rasta né en 1947 s'est en effet vu flouer dans les grandes largeurs, passant à côté des dividendes des nombreux hits qu'il a enregistré. Et c'est peu dire qu'ils sont nombreux, de l'initial et torride Wet Dream, sorti en 1969 et rapidement censuré, à ses classiques Chase The Devil (éhontément samplé sur l'un des tout premiers tubes de Prodigy, Out of Space en 1993) et War inna Babylon. Ce qui ne l'empêche pas de continuer à écumer les salles, au même titre que son collègue, Lee Perry, qui, en plus des requins de l'industrie a également dû lutter contre ses propres démons intérieurs, à la fois plaie et bénédiction de cet artiste complètement allumé. Producteur de Bob Marley à ses débuts, pionnier historique du dub, et expérimentateur hyperactif et surproductif, le personnage est une figure à part dans l'univers du reggae, puisant son inspiration dans «les westerns italiens, les feuilletons TV, le cosmos, la science-fiction, le sexe, et les films de kung-fu». Un parcours glorieux, mais en marge, marqué par de violentes crises de démence paranoïaque, dont la plus destructrice le verra mettre le feu à son propre studio de production (le mythique Black Ark) en 1979. Preuve supplémentaire que le reggae ne se limite pas à une simple histoire de “bonnes vibrations”. DGHommage à Bob Marleyavec Lee Perry, Max Roméo, Natty, Tyron Denisle 13 mai à 19h, au Summum


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Diversité et décibels