VOD art et essai

À l'heure des vrais faux-débats sur la question du piratage et du droit des auteurs, l'ère de la dématérialisation semble sonner le glas des supports déjà obsolètes que sont le CD et le DVD, et consacrer l'avènement de nouveaux modes de diffusion / consommation. Entretien avec Orna Ghenassia, gérante et fondatrice de Cinézime. propos recueillis par régis autran


Votre site a ouvert le 15 septembre dernier, en proposant alors un catalogue de près de 60 films, courts-métrages et documentaires peu voire pas du tout distribués : après 6 mois d'activité, quel premier bilan dressez-vous aujourd'hui ?Orna Ghenassia : Notre catalogue s'est enrichi au cours des 6 derniers mois avec notamment d'anciens films de Cassavetes et des films d'animation pour enfants. Avec un catalogue d'une centaine de films et documentaires indépendants, Cinézime est désormais reconnu comme l'opérateur VOD du cinéma indépendant. Une grande partie du catalogue est aussi accessible depuis plusieurs semaines depuis l'étranger. Il s'agit donc d'un service unique pour les francophiles du monde entier de regarder des films en français ou sous-titrés en français. Notre ambition est de continuer d'élargir notre catalogue et de le mettre aussi à disposition du public cinéphile à différentes formes de partenariat. Que ce soit via les réseaux d'échanges de fichiers gratuits et pas franchement légaux (P2P), les plateformes payantes de vidéo à la demande (VOD} ou du développement accéléré des systèmes de pay-per-view notamment de la part de certains fournisseurs d'accès à Internet, le consommateur se trouve face à une offre en films pléthorique quantitativement. Face à cette triple concurrence, le choix du créneau spécifique du cinéma indépendant d'art et essai s'est-il avéré payant ?La VOD est un nouveau marché, qui remplacera progressivement la majorit édes vidéoclubs dans les 10 années à venir. Dans cette logique, il est inévitable et souhaitable que le public puisse choisir entre plusieurs offres VOD qui assureront la diversité de l'offre. Cette diversité est d'ailleurs indispensable à l'émergence d'une demande forte du public. Le positionnement unique de notre catalogue, complémentaire des offres commerciales plus généralistes, nous permet de conserver un attrait auprès du public cinéphile. Quant au P2P, vous ne trouverez aucun de nos films disponibles sur les réseaux d'échange de fichiers (P2P). Les offres pay-per-view proposées par les fournisseurs d'accès à Internet ont en effet l'avantage de pouvoir regarder les films loués directement à la télévision. Mais il est aujourd'hui aussi possible d'acheter un PC de salon qui permet alors de regarder directement un film acheté ou loué sur un site Internet tel que www.cinezime.fr. Cette offre, qui consacre la convergence entre l'ordinateur et les équipements vidéo, va très probablement se développer dans un avenir proche, permettant ainsi à l'offre VOD par Internet le même confort d'utilisation sur la télévision que le pay-per-view. En ce qui concerne l'actualité, l'Assemblée va probablement rejeter la licence globale. Quelle est votre opinion à ce sujet ?L'inconvénient de la licence globale est que ce mécanisme ne permet pas de rémunérer justement les ayants-droits, c'est à dire proportionnellement au succès de leurs œuvres. Les technologies de protection des films et musiques numérisés (DRM) devront cependant certainement évoluer afin de permettre une meilleure gestion du droit à la copie privée. En attendant, Cinézime a pris l'initiative de proposer la possibilité d'acquérir 3 licences pour l'achat d'un film, permettant ainsi au client de le regarder depuis 3 postes différents.


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