Doublé gagnant

SOIRÉES / Qu'y a-t-il de commun entre la DJ électro parisienne Eva Peel et le duo house écossais Silicone Soul ? Pour être honnête, pas grand-chose, si ce n'est la qualité de leur sélection, et leur venue respective à Grenoble ce week-end. Damien Grimbert


Figure de proue des nuits parisiennes de qualité, Eva Peel alias Eva Marie Pinon s'est fait sa place en œuvrant sans œillères. Journaliste pour des revues comme Coda, Trax, ou Art Press, et organisatrice de soirées au bon goût musical prononcé (Fragile, Trash Poney, Vynilmaniac…), elle est également à l'origine d'évènements majeurs axés autour des cultures digitales (du concert d'Aphex Twin au Palais de Tokyo aux soirées We Love Acid, en passant par les fameux après-midi Sundaze du Batofar) aux côtés de Marie Sabot, avec laquelle elle a cofondé l'agence We Love Art. Ce qui lui laisse encore le temps (on ne sait pas trop comment mais là n'est pas l'important) de pratiquer assidûment le deejaying, où là encore, on la voit briller par son éclectisme. À mi-chemin de l'électro-house minimale racée d'une Chloé, et de l'électro/rock/bastard pop explosif de son comparse Siskid, de la SuperFamilleConne, ses sélections ouvertement dans l'air du temps font tout autant la nique aux clivages stériles entre styles musicaux qu'à la house pouet-pouet putassière pratiquée par certains. Résultats, des sets subtils, efficaces et ultra léchés, qui savent néanmoins se faire violence à l'occasion pour livrer de purs moments de dancefloors à même de rendre fébrile le plus réticent des publics. Démonstration ce samedi au Drac Ouest, aux côtés de Marco Asoleda, Le Barde, Odessa et Stefa Nof.House NationChangement radical d'ambiance avec Silicone Soul (ce vendredi au Vertigo, dans la cadre de la nouvelle soirée Reflex) sans que la qualité en ait à pâtir pour autant. Le duo se fait repérer au tout début des années 2000 par un tube d'anthologie au groove imparable, Right On !, hommage au génie de la soul Curtis Mayfield, sur lequel il se fait accompagner par la vocaliste Louise Clare Marshall. Référence absolument pas masquée aux riches heures de la blaxpoitation des 70's, sertie dans un écrin house subtil et accrocheur au possible, le morceau apparaît également dans une version instrumentale sur leur premier album A soul thing, sorti sur le label de référence Soma Records (heureux signataire du tout premier tube de Daft Punk, la bombe Da Funk, en 1995, excusez du peu…). Dès lors, les bases du duo originaire de Glasgow sont fixées, une deep house ultra persuasive, qui emprunte volontiers à la funk et au disco (voire parfois à l'électronica sur leur deuxième opus sorti cette année, Staring into space, toujours sur Soma). Mais au-delà de leur talent évident de producteurs, Craig Morrison et Graeme Reedie constituent également une excellente paire de DJs, comme l'accueil réservé à leur mémorable Essential Mix pour la BBC One l'a récemment confirmé. Alors que tant de leurs confrères se contentent le plus souvent du minimum syndical, Silicone Soul s'attache toujours à emmener ses auditeurs dans un voyage sonore chaleureux et mental, qui s'étend bien au-delà des seules pistes de danses.Détails des soirées en pages agenda


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