Dialogues orageux


retour / Les doigts agiles et légers de Keyvan Chemirani font chanter le zarb, principal instrument de percussion traditionnelle persane. Autour s'enroulent les arabesques orientales du kamanche (autre instrument iranien qui possède 4 cordes posées sur un manche et un hémisphère en bois), joué par l'archet précis de l'arménien Gagouik Mouradian. Cette douce mélodie introductive de musique savante persane nous brouille agréablement l'esprit, aussitôt dégrisé par les pièces cinglantes du compositeur Iradj Sahbai ; ce concert baptisé Musiques traditionnelles persanes et contemporaines est surtout l'heureuse occasion de découvrir la musique de ce compositeur iranien. Globalement, l'héritage de ses origines persanes imbibent surtout les textes de ses pièces vocales, paroles empruntées à la poésie persane. Les sonorités, les harmonies, la construction, le traitement de la voix évoquent certaines pièces de Peter Eötvös et s'ancrent dans une écriture très occidentale. Iradj Sahbaï, qui étudia la composition aux Conservatoires de Strasbourg et Paris, propage une écriture époustouflante de vivacité rythmique, mêlée à l'expressionnisme émouvant de la voix. Yaëlle Blanchon métamorphose littéralement son violoncelle en voix saccadée dès la première mesure, puis en un souffle fluidifié sur la fin ; les 7 miniatures persanes qui allient 2 voix de femmes, flûte en sol et Zarb sont autant de petits bijoux sonores suspendus et fragiles ; enfin, L'ombre et la lumière, création pour 6 voix interprétée par l' ensembles vocal Temps relatif et les musiciens de l'Ensemble instrumental du CNR (composé des professeurs), nous emporte dans une spirale vocale. Pour ce qui est des “intermèdes” de musiques traditionnelles, ils ne représentent pas le moment le plus investi du concert, sans parler de la tentative d'improvisation infructueuse entre les deux musiciens d'origine perse et les professeurs CNR: malheureusement, l'alchimie, l'échange ne se produisent pas. SDMusiques persanes traditionnelles et contemporaines présenté dans le cadre des 38e Rugissants


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L’ombre errante