Stupeurs et rebondissements


Sphota / Attention, voir et entendre Silence et Péripéties de Sphota, c'est s'exposer à un spectacle musical intelligent et surprenant d'imagination rebondissante. Le bric-à-brac des machines, le travail sur le son et les images projetées, le tout combinés à la gestuelle comique des musiciens-acteurs, arrachent des rires profonds, voire sonores chez l'enfant et l'adulte. Sur scène, le groupe d'improvisateurs géniaux (habitués des 38e), composé d'un clarinettiste, d'un violoniste, d'un guitariste et d'un pianiste, incarnent les machines dociles d'un percussionniste savant fou qui mène la danse. Cheveux hirsutes, blouse bleue de professeur maboule, il domine, donne le “la”, impulse l'énergie musicale sur la scène et glane les paroles du public qu'il mixe en live avec les instruments. La frénésie musicale s'avère contagieuse. Les musiciens prennent leur indépendance, inversant la vapeur. Le savant se métamorphose en une caricature de voisin à l'accent slave dérangé par le bruit. Les musiciens l'asticotent “sonorement”, le mènent en bateau. Puis, on ne sait plus comment, mais tout ce beau monde se retrouve sous l'eau, et un grand silence piqué de gestes ralentis précède d'autres péripéties farfelues. On “dépoussière” ou “déterre” des valses Viennoises en direct... Les musiciens tordent un visage projeté sur un écran, à coups de sons tonitruants, échos de musiques stridentes hitchcockiennes. Puis, on a perdu le fil de la logique de l'histoire.... Les instruments s'utilisent sous toutes les coutures, les musiciens s'engouffrent dans tous les répertoires avec brio. La scène, habitée par un tornade musicale, est le lieu de l'expérimentation sonore enragée. Les dispositifs, loin d'être ceux d'une technologie haut de gamme, se construisent avec des petits riens produisant un effet déroutant. Ce spectacle tient en permanence en haleine, parce qu'il ne laisse pas le spectateur s'installer ; là où on croit s'établir, s'attendre à, Sphota le fait valdinguer.Séverine DelrieuSilence et Péripétiesle 6 décembre à 20h30, le 7 décembre à 14h30, à l'Heure Bleue


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Des racines à la modernité