Le goût du caché

Musique / À la tête de l'Atelier des Musiciens du Louvre, Mirella Giardelli a débauché des élèves de classes d'art dramatique, de musique ancienne et de chant, main dans la main avec Laurent Pelly, pour nous livrer une adaptation croisée du Songe d'une nuit d'été et de Fairy Queen. Rencontre. Propos recueillis par FC


Pouvez-vous revenir sur cette année passée à la Direction Artistique de l'Atelier ?Je n'ai pas trop le goût des bilans, mais c'est vrai qu'il s'agit d'un des derniers événements de la saison. Ce fut une année forcément riche en enseignement, je pense qu'on a réussi entre les musiciens permanents et le petit groupe qu'on a formé à trouver un terrain d'entente, et ce même dans les nouvelles formes qu'on a essayé de mettre en place sur les quatre concerts sur Stendhal et la Chartreuse de Parme. On a grandi ensemble sur ces quatre représentations, et pendant la dernière j'ai ressenti une évolution de leur part, de la mienne, des comédiens, des chanteurs, sur cette notion de comment redécouvrir la musique ensemble, et surtout comment reformuler le concert autrement, y compris pour les spectateurs. C'était une forme qui emmenait le public dans d'autres contrées.Vous privilégiez ce rapport plus direct avec le public ?La forme du concert classique a sa beauté dans l'anonymat du spectateur, qui arrive et qui peut s'enfermer dans sa coquille. Le fait de mettre la parole, de s'adresser à lui ouvre certaines portes, ça induit un rapport très différent, et donne des pistes de lecture. Quand je travaille sur une œuvre, j'ai pour habitude de balayer ce qui a pu se passer littérairement, scientifiquement, picturalement au moment de la création de cette œuvre-là ; ce sont des pistes que j'avais envie de faire partager aux musiciens, mais aussi aux spectateurs, pour leur montrer toute les richesses que comporte le travail de musicien. J'appelle ça les concerts cachés, sur l'idée qu'un concert peut en cacher un autre, ou vingt autres. Pouvez-vous évoquer votre rencontre avec Laurent Pelly ?Ça va faire quelques années qu'on se connaît, la première fois c'était pour Platée. J'ai eu la chance de le suivre sur son travail en tant que chef de chambre, notre entente est plutôt bonne, on a à peu près le même sens de l'humour. Ce que je préfère chez lui, et qui est encore une fois un peu caché, c'est que sous le couvert de l'humour il y a une énorme tendresse, qui n'est pas forcément démonstrative. Il n'a jamais d'ironie méchante, un peu de dérision mais pas de ridicule. Pour le coup, on se rencontre sur deux œuvres qui possèdent ces qualités-là, c'était une belle occasion même si ce n'est vraiment pas évident de mettre en route, avec des élèves habitués au rythme scolaire, une production dans un temps qui est le même que celui imparti aux professionnels. La première des aventures fut le montage de ces deux œuvres, destinées à être ensemble mais dans une durée totale de près de six heures. Ce fut ardu, on a travaillé dans l'urgence, mais dans le même temps j'espère que les élèves y ont trouvé leur compte. Shakespeare / Purcellà la Salle de Création de la MC2 le 25 juin à 17h, le 28 juin à 20h30 et le 29 juin à 18h30


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