Turn on, tune in, drop out

Expo / Surfeur globe-trotter passionné depuis les années 60, François Lartigau expose ses peintures, dessins et lithographies à la galerie Spacejunk. Propos recueillis par Damien Grimbert


Dans quelles conditions avez-vous découvert le surf, et quelle était l'atmosphère qui régnait dans ce milieu à l'époque ?J'ai commencé par le body surf, technique et art perdu de nos jours car le surfer moderne est relié à sa planche alors qu'à l'époque il fallait être "water proof" et savoir revenir au bord sans aide. C'était l'amusement de toute la petite bande de beach kids qui traînaient à la plage avec mon frangin et moi. Les premiers surfers de cette époque, les tontons surfers, étaient des types d'une vingtaine d'années plus vieux que nous, une dizaine pas plus, les vrais pionniers. Un jour l'un d'entre eux nous invita pour une véritable initiation à la plage de la Côte des Basques à Biarritz, et c'est réellement là que tout a commencé… Nous fûmes contaminés par le virus du surf sans même nous en rendre compte. C'était une super époque, parfaite pour rentrer dans une adolescence ou le futur n'existait pas, bercé au son des Beach Boys, Beatles et Rolling stones, sans compter les influences des jeunes déserteurs californiens et australiens qui venaient surfer quelques vagues à Biarritz avant d'aller se perdre sur les chemins de Katmandou…Quand et comment avez-vous réussi à faire du dessin et de la peinture une profession ?Très vite nous nous sommes dessinés nos propres tee-shirts, et avons créé des stickers personnalisés pour mettre sous la résine des planches, des posters pour des compétitions… Les études en prirent un coup et mon frère et moi finîmes aux Beaux Arts, avant de prendre des billets sans retour pour des directions lointaines, là ou les vagues sont plus creuses… Comme il fallait vivre, on a enchaîné des tas de jobs pendant des années tout en dessinant à côté, jusqu'au jour où j'ai commencé à peindre des pains de mousse shapés. Je suis devenu un expert en déco de planche et en aérographe, puis petit à petit, on a commencé à peindre des tissus (aéro, teintures, batik, sérigraphie...) Le petit business s'appelait "Sea Island", on en vivait suffisamment bien pour quand même aller surfer, ce qui était le principal. Faute de businessman parmi nous, le business tomba à l'eau, mais le rythme de vie était pris et depuis, comme tout le monde et en particulier les artistes, on a enchaîné les hauts et les bas…Quelles sont vos influences artistiques (surf ou autre) ?Au tout début j'étais très inspiré par Rick Griffin, “la” bd de surf originelle, puis, par la suite, par Robert Crumb. Pendant un temps, je ne voulais faire que de la bande dessinée, mais, à la fin des années 60, je fus, par la force des choses, de plus en plus inspiré par l'art psychédélique... Et encore plus tard par Gauguin, l'art balinais, africain, et japonais pour la simplicité du trait, les contrastes et l'équilibre zen.François Lartigau à la galerie Spacejunk du 10 juin au 9 juillet


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Trance fiction