Revenir au monde


Théâtre / Une scène dépouillée. Au fond, un orchestre à vent, décor physique et musical d'un drame subjectif. Au devant, un homme prisonnier de son univers, une soprano évanescente, acteurs “intranquilles” d'une réflexion profondément personnelle mais tout autant universelle. Ainsi en est-il de Faust, Tragédie subjective, drame lyrique inspiré de l'œuvre de Fernando Pessoa. Poète portugais, aujourd'hui reconnu comme l'un des plus importants auteurs contemporains, Pessoa a mené la vie routinière d'un modeste employé de bureau jusqu'à sa mort. Mais, chaque jour, une fois son travail terminé, c'est le poète qui s'éveille. Un artiste à l'affût de son temps, compagnon de toutes les avant-gardes portugaises, initiateur de quelques autres lorsque les premières atteignent, selon lui, leurs limites. Cherchant la forme idéale, Pessoa se questionne constamment. Son écriture est toujours en mouvement. Se heurtant à ses propres limites, elle évolue, prend différentes formes, tout comme la pensée de son auteur. Poète joyeux du doute, il recherche l'absolu. Comme Faust. Héros mythique de Goethe et du romantisme, Faust est devenu au fil du temps qui passe un personnage idéalisé à la recherche d'une universalité où se perdre. Avec Pessoa, le tourment de Faust devient intime. Chaque avancée devient une impasse où le héros prend conscience de l'inadaptation du monde. Et c'est dans son inconscient que se rejoue le mythe. Face à lui-même, il se confronte aux idées, et «aperçoit au loin l'humanité de sa pensée». Car comme il l'indique au début : tout ce que nous voyons n'est-il pas autre ? Alors, son esprit aux aguets, il n'aura de cesse de dialoguer avec lui-même, aux prises de sa conscience, spectrale mélodie commentant son parcours, s'enfermant plus qu'il ne se libère. Car tout l'intérêt de ce drame en cinq actes réside dans cette confrontation entre musique et texte. Indépendant l'un de l'autre, mais construit selon un schéma semblable, ils se côtoient, se jaugent pour finalement arriver à ce même constat d'échec. VeVFaust, Tragédie subjective par le collectif des Esprits Solublesles 27, 28 et 29 janvier à 20h30 au Théâtre 145


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