L'Italie mise en scène

Panorama / Le défi est de taille pour cette seconde édition des Rencontres du Cinéma Italien. Une programmation étoffée, un accent confirmé sur l'accompagnement des œuvres, une soirée d'ouverture ambitieuse… Le tout pour faire découvrir une Italie s'interrogeant avec intelligence. François Cau


En grands fans des raccourcis hâtifs, on n'aimait rien que tant que rapprocher les modes de production cinématographique français et italien, blâmant la prédominance de leurs financements télévisuels, et leur écrasant nivellement artistique par le bas, pour la médiocrité ambiante. Il aura fallu que l'association Dolce Cinema nous propose plus d'une demie douzaine de longs métrages italiens récents l'an dernier pour que ces images d'Épinal s'estompent. Oui, il demeure en Italie de dignes héritiers de toutes les cinématographies qui nous ont fait vibrer, du néoréalisme le plus poussé (voir ci-contre les œuvres de Vincenzo Marra) au film de genre le plus outrancier (voir Arrivederci Amore Ciao et mourir). Oui, des autodidactes de la caméra renouvellent les formes (Paolo Sorrentino, pour le pire et pour le meilleur) ou regardent en face les dysfonctionnements qui rongent le pays de l'intérieur (Enrico Caria, Daniele Luchetti, Marco Turco), ou ont juste envie de donner tout ce qu'ils ont pour accoucher d'un bout de cinoche (Alessandro Piva).Identités incontrôléesLa programmation concoctée par les sbires de Dolce Cinema pour le cru 2007 se compose de plus d'une vingtaine de films hétéroclites, réalisés dans les sept dernières années (à l'exception du Dario Argento en ouverture), provenant de tous les horizons, de la production ultra indépendante aux budgets plus confortables. Le thème choisi pour les regrouper, l'identité, peut sembler aussi large que vain, mais le travail éditorial de cette édition vient prouver le contraire. Non contents de résonner de façon glaçante avec les préoccupations nauséabondes de notre sinistre actualité nationale, les thématiques nourrissent efficacement le débat. Les films, certes de qualité artistique inégale, s'attachent à développer les problématiques familiales, sociales, politiques, économiques dans leur rapport immédiat à l'individu, réaffirment la responsabilité citoyenne face aux errements généralisés. Quitte à s'enfoncer dans des constats alarmants, à nous abreuver sous les informations choquantes ou à nous dévoiler les tréfonds de l'âme humaine. On vous rassure, le festival ne tombe pas dans la sinistrose pour autant et dispense moult œuvres sur un mode plus léger, et surtout, des rencontres nombreuses avec réalisateurs, scénaristes, auteurs et autres intervenants pour prolonger les réflexions. En l'état, la manifestation nous semble réussie. Il ne lui manque plus qu'un succès public mérité pour s'ancrer durablement dans le paysage local.rencontres du cinéma italiendu mar 13 au mar 27 nov, lieux diversdétails de la programmation sur le sitewww.dolcecinema.com


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