Vaudeville déjanté


Musique / Une fanfare rock électrique et exubérante où flotte une ribambelle de voix éraillées et de sons kitsch dans une ambiance de cirque des années 50. C'est à peu de choses près ce qu'on ressent dès les premières notes de Rabbit Habits, dernier album des Philadelphiens de Man Man. Ça enchaîne vite dans cet opus où les membres du groupe accouchent d'un véritable cabaret rock ironique et bordélique, survolté et festif. En quelques secondes à peine, Man Man embrase radicalement son auditoire, le plongeant dans une ambiance Tom Waitsienne irrésistible due en partie à la voix audacieuse de Honus Honus, leader charismatique moustachu de cette fanfare de l'étrange. Les nombreux chœurs criards et bruts qui font écho à la voix d'Honus tout au long de l'album sont radicalement atypiques et procurent un regain d'énergie à des compositions loufoques.
Le groupe n'hésite pas une seule seconde à mélanger tous types de sons dans ce disque à la production brute. Une base piano/voix étayée par un cortège de claviers des années 70 et mixée à une foultitude de cuivres. On y trouve même du xylophone et du marimba, c'est dire. Man Man aime autant la musique de rue que les sons rétro 80 ou la techno (à l'exemple d'El Azteca). Un registre musical incroyablement varié, mais monstrueusement cohérent. Sur fond de jaune (limite) poussin, la pochette du disque illustre un immeuble qui commence à prendre feu, dans lequel on peut voir des appartements/pièces ouverts représentant des scènes pleines de métaphores.
Man Man est un alien du genre et s'est forgé une notable réputation depuis ses débuts en 2003 (le groupe a été invité à partager les tournées d'Arcade Fire et Cat Power, rien que ça). On dirait bien que Man Man mène le bal, et c'est ce samedi au Ciel.Patrice CoeytauxMan Mansam 31 mai à 20h30, au Ciel


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