Dans tous les sens


Collectif hip-hop londonien underground et multiculturel, Foreign Beggars synthétise le meilleur de la scène rap anglaise actuelle. Un pari loin d'être gagné d'avance quand on sait à quel point cette dernière est diverse et dispersée. Privé d'un réel support du grand public anglais qui lui préfère le faste des artistes américains, le hip-hop local s'est en effet subdivisé en tribus éparses qui rappent quasi-exclusivement pour leurs fans, et ne percent dans les charts que le temps d'une éphémère collaboration avec telle formation pop ou éléctro en vogue. Un vrai gâchis quand on connaît le potentiel inouï qui bouillonne dans l'ombre, et qu'ont refusé de cautionner les « mendiants étrangers ». Réunissant deux MCs, un DJ, un beatboxer et un producteur, provenant d'origines géographiques aussi diverses que Dubaï, l'Inde, la Norvège, Israël et l'Iraq, la formation a refusé de choisir son camp, adoptant aussi bien les beats électro futuristes et furieux de la scène grime, que les instrus jazzy old-school des pionniers britanniques de la discipline. Sans oublier quelques collaborations payantes avec la crème du hip-hop californien, le russe expatrié DJ Vadim, ou encore les Français Grems et Disiz La Peste aka Supermicro, et quelques featurings crossover audacieux (avec Björk, NoNames avec Gorillaz). Le résultat, parfaitement condensé sur Asylum Agenda, leur premier album distribué en France qui réunit les meilleurs titres de leurs précédents opus, sortis exclusivement en Angleterre, est sidérant de justesse, et devrait sans aucun doute faire forte impression sur scène.
Damien GrimbertForeign Beggars et Beat Assailant,
sam 18 oct, à la Maison de la Musique de Meylan


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