Quartiers lointains

Pour sa 13e édition, le Cinéma de Quartier du 145 s'éloigne un peu du film d'exploitation pur et dur pour ressusciter deux perles, hautement dissemblables mais également oubliées, du cinéma bis. DG


Certes, en creusant un peu, on trouve bien quelques points communs entre Carnival of Souls et Forbidden Zone : un budget dérisoire, un tournage en un temps record (et en noir et blanc), le thème d'un univers parallèle, et… le même éditeur DVD (Le Chat qui Fume, dont on ne vantera jamais assez le méritant travail de défrichage). Par ailleurs, pas grand-chose à voir entre ces deux métrages, tournés à près de 20 ans d'écart (1962 pour le premier, 1980 pour le second), et appartenant à des registres cinématographiques radicalement différents. S'inscrivant dans une veine fantastique classique, à mi-chemin d'un Tourneur période La Féline et d'un épisode de la Quatrième dimension, Carnival of Souls est l'unique œuvre de fiction réalisée par Harvey Pecker, par ailleurs auteur de films éducatifs et institutionnels complètement anodins. Porté par une mise en scène classieuse, qui ne laisse jamais deviner l'étroitesse de son budget, et une ambiance morbide et irréelle assez novatrice pour l'époque, le film accompagne le calvaire de la blonde Mary, qui, à la suite d'un accident de voiture meurtrier, décide de changer de ville, et, sujette à de troublantes visions, perd progressivement contact avec la réalité. D'une épure impressionnante et dénué du moindre temps mort, Carnival of Souls, malgré son échec initial au box-office, s'est imposé avec les années comme un véritable classique, dont sauront s'inspirer aussi bien David Lynch que Georges Romero (La Nuit des morts-vivants), Don Coscarelli (Phantasm) ou les créateurs du jeu vidéo Silent Hill. À (re)-découvrir.Frenchy au pays des tarés
Comme annoncé précédemment, changement radical de style avec Forbidden Zone, premier film de Richard Elfman (le frère de Danny, compositeur attitré de Tim Burton, qui signe ici la bande-son avec son groupe déglingué Oingo Boingo), qui récidivera quelques années plus tard avec l'un peu plus sobre Réducteurs de têtes. Si elle emprunte volontiers aux classiques enfantins (Alice, Le Magicien d'Oz), avec son héroïne délicieusement française, perdue dans un univers étrange et peuplé de personnages rocambolesques, c'est avant tout à l'humour déjanté des Monty Python et du Rocky Horror Picture Show qu'emprunte cette comédie musicale gentiment trash, quelque part entre érotisme léger et burlesque gras, ou inversement. Sans pour autant réussir à égaler ces écrasantes références, Forbidden Zone se regarde néanmoins sans déplaisir, une fois digérée l'emphase démesurée des différents acteurs, un chouïa traumatisante aux premiers abords.Carnival of Souls et Forbidden Zone
Lundi 24 novembre dès 19h, au Théâtre 145


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