C'est dans les vieux pots…

THÉÂTRE / Sur le papier, ça sentait le sapin à plein nez. Au final, on est surpris en bien par ce pari audacieux relevé par la jeune compagnie grenobloise l'Atelier.


Car monter aujourd'hui un Labiche, de surcroît au Théâtre de Création, a de quoi laisser pantois n'importe quel aficionado de toute forme contemporaine. De ce bon vieux Labiche, le metteur en scène Benjamin Moreau est allé chercher L'Affaire de la rue de Lourcine, une pièce efficacement construite autour de deux hommes qui pensent, à tort, avoir tué une femme sous l'effet de l'alcool. Scrupuleusement mise en scène selon les codes du genre et sans s'en éloigner d'un pouce – décors d'intérieur "chichement meublé", costumes façon XIXe, jeu très imagé, parties chantées accompagnées au piano par Mirella Giardelli… –, cette Affaire de la rue de Lourcine frappe juste en ne tombant pas dans le contre-pied trop facile consistant à moderniser l'intrigue. Mais ce qui est une force – rester fidèle à l'esprit initial – devient aussi une faiblesse : les allergiques à ce type de boulevard (on pense aussi à Feydeau par exemple) vont être confortés dans leur répulsion, même si la compagnie insuffle une réelle vie au texte du fait de la jeunesse des interprètes, qui n'ont pas l'âge des petits bourgeois imaginés par Labiche. Quant à ceux qui peuvent passer du modernisme minimalisme au boulevard bien boulevardier sans crier au scandale, le Théâtre de création leur ouvre ses portes. Car le théâtre, c'est avant tout ça : savoir être ouvert.L'AFFAIRE DE LA RUE LOURCINE
Jusqu'au samedi 29 novembre
au Théâtre de Création


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Mesrine : L’Ennemi public n°1