Une famille chinoise

De Wang Xiaoshuai (Chine, 1h55) avec Liu Weiwei, Jiayi Zhang…


Ne vous y trompez pas : derrière ce titre a priori anodin se cache une cruelle ironie, symptomatique d'un film où la violence des sentiments s'efface derrière une froideur esthétique étouffante. Mei Zhu et Xiao Lu apprennent que leur fille est atteinte d'une leucémie, et que seule une greffe de moelle osseuse d'un autre enfant né de leur union pourrait la sauver. Le hic étant que les parents sont désormais divorcés, et qu'ils ont refait leur vie chacun de leur côté. Autour de cette situation mélodramatique à souhait, Wang XiaoShuai entend développer une chronique à vocation universelle, où les fragiles liens familiaux feraient progressivement exploser leurs coutures. Mais c'est avant tout le contexte du film qui passionne, celui d'une société chinoise encore vertement répressive (ici, via la politique de contrôle des naissances), où chaque moment vécu en marge des normes en vigueur se vit dans une sourde angoisse, et dont l'urbanisation accrue enferme ses hommes et femmes dans un enfermement mutique. Comme pour corroborer encore plus toutes ces impressions, Wang XiaoShuai use d'un rythme délibérément languide, de longues plages dialoguées d'où suinte un désespoir irrépressible. Ce qui fait d'Une famille chinoise un film pertinent sur le fond mais malheureusement assez rébarbatif sur la forme.
FC


<< article précédent
dEUS, Paléo festival Nyon (Suisse), juillet 2008