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De Jia Zhang Ke (Chine, 1h47) documentaire


Dans le prolongement de son beau Still Life, Jia Zhang Ke poursuit son exploration d'une société chinoise lentement dépecée par ses impératifs économiques. Ici, il s'attache à décrire la disparition d'une usine (et de sa collectivité ouvrière) au profit d'un complexe immobilier de luxe. Le cinéaste s'en est allé recueillir les témoignages de bon nombre d'ouvriers, en a gardé certains, en a compilé d'autres pour les faire interpréter par des comédiens - cette immixtion entre réalité et fiction ayant pour but de retranscrire toute la relativité de la vérité historique. Au-delà de ce procédé au propos très maîtrisé, Jia Zhang Ke choisit de filmer son récit en plans fixes, comme pour mieux imposer naturellement la beauté surréaliste de certaines images très subtilement mises en scène : tour à tour noyés dans les décors, parties intégrantes de ce dernier ou complètement détachés, ses intervenants composent par petites touches, a priori anecdotiques, la fin d'une utopie collectiviste rattrapée par le bruit et la pression du monde. Et l'apparente froideur du dispositif de faire apparaître progressivement une émotion brute, une mélancolie diaphane sur laquelle le cinéaste tourne la page avec une douceur parfois un rien précieuse, mais toujours pertinente.
FC


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