Tu n'aimeras point

D'Haim Tabakman (Fr/All/Israël, 1h30) avec Zohar Strauss, Ran Danker…


Le titre ressemble à un précepte religieux à suivre à la lettre, façon ironique pour le réalisateur israélien Haim Tabakman d'introduire son sujet. A Jérusalem, au sein du milieu juif ultra-orthodoxe, un jeune homme de vingt-deux ans débarque et chamboule l'existence des habitants du quartier. Des rumeurs sur son compte commencent à circuler, alors que l'on voit le très respecté Aaron, boucher marié et père de quatre enfants, se prendre d'affection pour le nouveau venu. Jamais le mot homosexuel n'est prononcé au cours du film - dans le monde orthodoxe, cette notion est inconcevable expliquait le réalisateur à Cannes -, mais c'est bien ce qui dérange ici les membres de la communauté. Une communauté qui se fait oppressante à l'image, filmée au plus près par Tabakman. Une scène, parmi tant d'autres, illustre cette idée : quand les deux hommes sont dans la rue, un bus passe et reflète le regard des fidèles qui les observent continuellement. Alors comment aimer différemment dans cette société normée et dirigée par des religieux niant les notions d'individualité et de désir (une autre histoire d'amour est suivie en filigrane, hétérosexuelle cette fois-ci, mais réprimée avec la même vigueur) ? Une question posée simplement, dans un premier film intelligemment maîtrisé et à la mise en scène sobre et raffinée, très loin du brûlot lourdingue.
Aurélien Martinez


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