C'est mon choix

Sélection / Une petite présentation de quatre des sept auteurs du festival que l'on aime bien ; comme ça, rien que pour vous. De rien. AM


Samuel Gallet, le beau gosse
Qui ? L'équipe de Troisième Bureau aime beaucoup Samuel Gallet, la réciproque étant tout aussi vraie – ce dernier a rejoint le collectif grenoblois en 2007. Jeune auteur formé au département écriture dramatique de l'Ensatt (Lyon), Samuel Gallet développe depuis un style personnel fort et élaboré, renforçant l'oralité évidente de son verbe. Plusieurs de ses pièces ont déjà été lues par Troisième Bureau, dont l'excellente Encore un jour sans (critique disponible sur note site web). Quoi ? Dans le cadre du festival, sera présentée une lecture théâtralisée et mise en musique, autour de deux textes d'un futur triptyque. On n'a pu lire que L'Ennemi, le second volet : bonne nouvelle, on retrouve toujours l'univers de Gallet et sa capacité évidente à aller chercher des personnages marginaux hors normes. On regrette simplement que son récit (un long monologue d'un jeune pharmacien harcelé par un homme étrange), en perpétuelle tension, ne finisse amoindri par une prise de recul finale moralisatrice. Vendredi 28 mai. Spectacle à 20h, café des auteurs à 22h

Juan Mayorga, la star ibérique
Qui ? L'année dernière, Troisième Bureau nous offrait la lecture d'une pièce incroyable : Hamelin, de l'auteur espagnol contemporain Juan Mayorga (critique sur notre site web). Un écrivain que le collectif suit depuis un petit bout de temps. Licencié en mathématiques et philosophie, Mayorga se dirige rapidement vers l'écriture et devient, en parallèle, enseignant à la Real Escuela superior de arte dramático (École d'art dramatique) de Madrid, département dramaturgie. Classe ! Quoi ? « Je m'adresse à vous pour vous demander que l'on rende sa liberté à l'écrivain que je suis, ou que l'on m'expulse de l'Union Soviétique avec mon épouse. » Avec Lettres d'amour à Staline, Juan Mayorga s'intéresse à la relation entre un homme de théâtre confronté à la censure (Mijail Bulgakov) et celui qui représente cette censure (Staline). Bulgakov a ainsi écrit des lettres au dictateur russe pour l'exhorter à considérer son cas. Lettres restées sans réponse, jusqu'à ce que… « L'artiste se prend généralement pour l'homme le plus libre. En réalité, il peut être plus vulnérable à la caresse ou au poing de celui qui est puissant qu'un homme ordinaire » explique Mayorga. Sa pièce, passionnante et d'une grande force littéraire, sera mise en lecture par le comédien et metteur en scène grenoblois Grégory Faive. Enzo Cormann dirigera la lecture du second texte de Mayorga présenté pendant le festival : La Paix perpétuelle. Samedi 29 mai. Rencontre à 15h (bibliothèque Centre ville), lecture à 18h et 20h30, café des auteurs à 22h

Marie Dilasser, l'étrange
Camarade de classe de Samuel Gallet à l'Ensatt, Marie Dilasser a créé depuis une œuvre protéiforme, où se croisent sur scène personnages étranges et animaux dotés de parole. « Le geste d'écrire du théâtre est un peu difficile et parfois désespéré pour que je puisse en faire mon métier. Alors, comme j'ai la chance d'avoir rencontré un paysan qui élève quelques brebis, vaches et truies, je me spécialise dans les truies et le théâtre » écrit-elle dans un texte de présentation disponible sur le web. Pour info, l'une de ses pièces, « Me zo gwin ha te zo dour » ou quoi être maintenant, a été mise en scène il y a trois ans par Michel Raskine, directeur du Point du Jour à Lyon. Quoi ? Echo-système, œuvre surréaliste pourvue d'un humour absurde qui fonctionne à merveille, livre au final un discours fort sur notre monde. Marie Dilasser suit ainsi l'itinéraire d'une dizaine de personnages vivant en autarcie et pratiquant la chasse à la palombe. Sauf que cette année, aucune palombe mais deux « intraitables flics » venus expulser « les volontaires » désignés par le préfet. Cette édition de Regards croisés sera l'aboutissement de l'accompagnement d'écriture débuté en 2009 avec l'auteure (la pièce ayant été lue l'année dernière, elle sera cette année portée sur le plateau par les comédiens). Mardi 1er juin. Lecture-représentation à 20h, café des auteurs à 22h

Enzo Cormann, le boss
Qui ? Auteur de théâtre, metteur en scène, romancier, enseignant à l'Ensatt, conseiller littéraire au (très plan-plan) Théâtre des Célestins de Lyon… Enzo Cormann sait tout faire, et en plus, il le fait bien. En témoigneront au cours de ce festival la lecture de Hors-jeu (voir ci-dessous), et le spectacle Exit Jazzpoem (que l'on n'a pas pu voir avant – personne n'est parfait, même nous). Quoi ? « Monsieur Smec, je crains que vous ne confondiez Job Store et club de vacances. » Enzo Corman, ancien journaliste de faits divers, a composé avec Hors-jeu une pièce purement contemporaine, dans le sens où elle met en lumière jusqu'à l'absurde les dangers de notre monde où plus personne ne comprend l'autre – à ce titre, les dialogues entre la manager du Job Store (métaphore évidente du tout récent Pôle Emploi) et le personnage principal, au chômage, sont savoureux, tout comme d'autres totalement barrés avec un rat ou « une bonne âme ». Cormann s'intéresse ainsi à Smec, gars paumé et allumé suscitant néanmoins l'empathie, jusqu'au final digne d'un grand film à suspens (même si le dénouement est connu dès le début). Très fort. Samedi 5 juin. Lecture à 18h, café des auteurs à 20h, spectacle à 22h


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