La cour des courts

Pour la trente-troisième fois, la cinémathèque de Grenoble compte sur la popularité des soirées d'été sur la Place Saint-André pour offrir le succès qu'il mérite à son festival de courts-métrages. Rencontre avec Guillaume Poulet et Jean Dorel, respectivement directeur de la cinémathèque et programmateur du festival. Propos recueillis par Laetitia Giry


Petit Bulletin : Quelle est l'orientation générale des films choisis, projetés ?
Jean Dorel : On essaye de montrer des films assez rares, appartenant à la cinémathèque, comme L'éléphant rayé [court polonais de Przygoda w paski, NDLR], qui véhicule un message sur la tolérance amusant et intéressant, et qui n'est pas édité en dvd. Plusieurs films proposés sont invisibles par ailleurs. Ceux de Pascal Aubier par exemple. Mais la rareté fait peur. Guillaume Poulet : Certains gardent à l'esprit que ce que l'on présente reste élitiste, ce qui n'est pas le cas. C'est important de ne pas faire peur aux gens : écueil dans lequel tombe un certain nombre de salles d'art et essais et de cinémathèques. Il y a une image qui colle à la peau et qui exclut des gens qui pensent que ce n'est pas pour eux. Et justement, le fait que ce festival soit en plein air [écran géant sur la Place Saint-André, NDLR], fait qu'il arrive à séduire et attire aussi du public en journée dans la salle Juliet Berto.Cette année, vous organisez un atelier cinéma qui permettra aux enfants de créer leur propre court. Vous avez l'intention d'accorder une place plus importante à la pédagogie ?
GP : Il y avait une séance pour enfants l'année dernière ; cette année, on souhaitait refaire une séance de ce genre à partir des films de la cinémathèque. On a fait cet atelier aux vacances de février qui s'est très bien passé. Tout le monde était content : enfants, parents, organisateurs. Sans avoir la prétention de parler de pédagogie, on s'intéresse au jeune public au sens large, avec la volonté de participer à l'éducation à l'image. En cela passer par la pratique, c'est le mieux.On est en pleine coupe du Monde de foot, vous en profitez pour y consacrer une demi-journée.
JD : Le documentaire projeté, Batteux, l'homme du match (photo), est cinématographiquement intéressant. Albert Batteux [NDLR ancien entraîneur de foot] filmait les entraînements en super8 : on en voit beaucoup d'extraits.
GP : En voyant Batteux dans le film, on l'imagine plutôt entraîneur de rugby. C'est un peu un « intello » perdu au pays du foot. Il a une vraie conception des joueurs comme êtres humains, il fait passer l'humain et le beau jeu avant tout. Le film n'a jamais été projeté à Grenoble alors qu'il a été en partie tourné ici, et que Batteux entraînait Grenoble. C'est fou de savoir qu'il a refusé un pont d'or que lui faisait le club de Barcelone, disant que tout cet argent ne l'intéressait pas, et il est venu à Grenoble avec l'idée d'y bâtir un grand club [raté. NDLR].33e Festival du Film Court en plein air
Du 6 au 10 juillet 2010, sur la Place Saint-André et à la salle Juliet Berto


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