La peinture mord


On s'en rend compte à travers les vitres, avant d'entrer dans le Vog : un fou a dévoré les murs à coups de pinceau – du noir, du jaune fluo, des formes cassées, libérées de toute contrainte. Mais le fou n'est pas fou, c'est Olivier Nottellet, artiste vivant à Lyon et venu de nouveau sévir à Grenoble. La force du travail effectué réside clairement dans sa nature in situ, il parle lui-même de «lambeaux de peintures comme autant de fragments de mémoires qui viennent s'organiser autour, dans et avec un lieu d'exposition». Les lambeaux sont là, immobiles mais cruels, traces de la déchirure, une «ruine heureuse, suspendue à nos regards qui scrutent l'énigme sans solution». Olivier Nottellet possède un don manifeste pour compléter par les mots la poésie de ses recherches plastiques, pour donner à des formes abstraites un socle concret teinté d'un fatalisme caractéristique. La plongée dans l'œuvre est pure et instantanée et n'a pourtant rien d'évident : avant d'accepter l'absence de solution, le regard s'acharne, ou abandonne trop vite. L'œuvre embrasse tout. Ces murs, transformés en vaste terrain de projection de l'imaginaire de l'artiste à un instant T, s'imposent et enveloppent le visiteur. Dans la petite salle du fond est diffusé un film réalisé par l'artiste, une déambulation dans son œuvre, offrant un point de vue, une option de perception. «J'y pense et puis j'oublie», une possibilité offerte d'inscription – ou de discernement – de souvenirs ? Là encore, tout est une question de point de vue. LG« J'y pense et puis j'oublie », Olivier Nottellet
Au Vog jusqu'au 16 octobre.


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«Sortir du schéma week-end»