Drôle de drame


THÉÂTRE / La fin est proche, et avec elle viendra le chaos. La faute à un monde ivre et sans limite où, droit dans les yeux d'un enfant, on arrive à justifier l'injustifiable. La courte pièce de la dramaturge anglaise Caryl Churchill, reconnue outre-Manche mais quasi inconnue en France, dresse le portrait d'êtres humains confrontés à la perte de repères et de valeurs. On est ici dans la droite lignée de ces auteurs britanniques contemporains capables de cerner leur temps avec des œuvres a priori intemporelles. Dans ce Far Away, on suit ainsi Joan, enfant de dix ans qui grandira au fil des trois actes. Elle commence avec l'innocence de son jeune âge (la scène la plus forte, à la construction implacable) pour finir lâchée en pleine guerre mondiale avec dentistes lettons belliqueux et autres chats sanguinaires. Un verbe suggestif plus que démonstratif, qui sied parfaitement à l'univers de la Grenobloise Pascale Henry et sa façon de « questionner le politique avec le poétique ». D'où une mise en scène épurée (décors sobres, jeu des acteurs sans emphase – comme souvent chez elle) au service du texte, lui laissant ses parts d'ombre. Mais le soir de la première (la semaine dernière, près de Saint-Étienne), l'ensemble n'était pas assez rôdé pour laisser transpirer l'ironie très forte de Churchill (la fin est extrêmement drôle à la lecture) ; la proposition, bancale, finissant par être difficile à appréhender. Ce dont Pascale Henry avait conscience, pour avoir échangé avec elle à l'issue de la représentation. Mais tout fonctionnera pour Grenoble nous assure-t-elle… AMFAR AWAY
Mardi 19 octobre à 20h30 au Centre culturel Jean-Jacques Rousseau (Seyssinet-Pariset) du 4 au 10 novembre, au Théâtre 145.


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