Coup de poker

Le trio local Trompe le Monde nous dévoile son deuxième album, All in, ce jeudi à la Source, avec un live qui en toute logique devrait nous envoyer au tapis (rires). FC


Le propre de ces trois adorables hurluberlus, c'est un culot finalement très rock'n'roll. Déjà, choisir comme patronyme le titre de l'ultime et meilleur album des Pixies, faut oser. Assumer cette écrasante influence tête baissée, avec une énergie dévastatrice dans laquelle tout passe par un enthousiasme communicatif, que Ruby-e – la demoiselle du trio - ne m'en veuille pas, mais c'est particulièrement burné. Commencer son second opus par des lyrics qui disent en gros “Salut, on est de retour après notre premier chef-d'œuvre“ dans un anglais aux intonations toujours aussi délicieusement frenchy, ce n'est pas mal non plus. On l'aura compris, la fine équipe de Trompe le Monde ne recule devant rien. Arrogance de la jeunesse ? Pas forcément : si le power trio a encore de belles années devant lui, ses membres ne sont pas nés de la dernière pluie rockailleuse, mais des cendres de Paraffine, projet “tripcore“ où la rage sonore s'alliait à une scéno élaborée. Sur ce dernier point, la filiation est on ne peut plus claire – les lives de Trompe le Monde sont conçus en accordant une place significative aux jeux de lumières et aux vidéos, le tout en parfaite synchronisation avec la matière musicale, pour un rendu voué à séduire les spectateurs sans qu'ils ne s'en rendent compte, les épuiser le temps d'une performance, et ne même pas les rappeler le lendemain. Where is my mind
Leur deuxième album, All in, a le mérite d'être encore plus cash que leur précédent American way of lie, qui se parait encore dans des étoffes semi conceptuelles pour filer la métaphore de la création artistique en perpétuel questionnement, pour résumer la démarche en termes ampoulés. All in, c'est en quelque sorte le disque de l'immaturité, un essai plus ouvertement pop, aux mélodies plus accrocheuses. Une track aligne des «woo-oo» en renfort d'un texte gentiment caustique, la suivante pourrait accompagner la bande-son d'un teen movie lors d'une scène où notre héros post-Dawson sortirait du bahut en skate, celle d'après convoque un son électro entêtant pour vanter les mérites de l'érotisme éthylique… Des refrains qui n'ont pas peur d'être catchy, qu'on se surprend à répéter en marchant dans la rue, un plaisir (même pas coupable) de jouer avec les codes pop-rock qui se révèle dangereusement contagieux, attends un peu, on ne se serait pas fait avoir, quand même ? Et bien si. Et le pire, c'est qu'on en redemande, sur scène ce jeudi, par exemple. Ce serait parfait. Trompe le Monde + Duster 71
Jeudi 14 octobre à 20h30, à la Source (Fontaine).


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