Coudre, peindre, et mourir


« Je dessine sur du papier de soie à l'encre, je déchire, j'épingle des tissus, je crayonne des drapés, je couds du papier. J'étais couturière, je suis le fil. » C'est ainsi que l'artiste Patricia Pinzuti-Gintz décrit la formation de ses œuvres : modestement et techniquement. De fait, tissus et peinture s'associent sur la toile pour un résultat d'une délicatesse évidente. La série exposée très sobrement, en ligne, dans la galerie Alter-Art, montre les différents aspects d'une œuvre qui se tisse au gré des fils de peinture noire mimant la dentelle, des voiles de gaze blancs jetant une ombre – ou du moins un dégradé grisonnant – sur un fond d'ébène. L'abstraction cède parfois un peu d'espace à l'apparition de silhouettes féminines, toujours dans des transparences suggérant l'étoffe et non la chair, dans la finesse et la douceur d'un drapé ignorant le pragmatisme d'un corps. Derrière cette légèreté désincarnée, l'on devine une certaine nostalgie, dont la présence fantomatique se voit compensée par la puissance décorative du dessin. L'exposition se termine ce samedi avec la projection de la vidéo « Enikisame », performance de l'artiste qui sera elle-même présente à l'occasion. Une façon de mieux découvrir cette œuvre au sein de laquelle guette le soleil noir de la mélancolie, lumineuse au premier regard, ténébreuse pour peu que l'on s'y attarde. Laetitia GiryTissures
Jusqu'au 13 novembre à Alter-Art
Projection et rencontre avec l'artiste le samedi 13 novembre à 17h.


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