"Wrong" : Quentin Dupieux est immense (vrai)

De Quentin Dupieux (Fr, 1h34) avec Jack Plotnick, Eric Judor…


Au début de Wrong, il y a un camion qui brûle et un pompier qui défèque au milieu de la chaussée. Une scène plus loin, un réveil passe de 6h59 à 6h60. Plus loin encore, un palmier se transforme en sapin, il pleut à l'intérieur d'un bureau mais il fait soleil à l'extérieur…

On se souvient qu'au début de Rubber, le précédent film de Quentin Dupieux, un flic se plantait face caméra pour expliquer que le cinéma était truffé de "no reason", ces moments où le spectateur doit accepter sans se poser de questions de se laisser raconter une histoire improbable. Wrong n'a pas besoin de cette distanciation un peu maladroite et, en cela, marque un pas de géant dans la carrière, courte mais déjà passionnante, de Dupieux : il suit avec un aplomb hilarant la quête éperdue de Dolph (Jack Plotnick, parfait en dépressif éberlué) à la recherche de son chien disparu, laissant l'humour absurde se déverser à foison dans son récit.

Le cinéaste croise ainsi en chemin le grand thème du cinéma moderne, d'Antonioni à Wenders en passant par Tati : l'incommunicabilité. Sa version, iconoclaste, se résume à ce dialogue entre Dolph et son voisin qui, à seulement un trottoir de distance, préfèrent se parler par portables interposés. Après avoir révolutionné les méthodes de tournage avec Rubber, Dupieux prouve qu'il a bien l'intention de révolutionner le cinéma tout entier. Il est assez dingue pour y arriver.


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Monsieur Lazhar