La singularité du quotidien échappe souvent à l'œil, mais lorsque Vincent Costarella la capte à travers un appareil sténopé, cette troublante banalité se teinte d'un voile blanc mystérieux et séduisant. Déployant un geste photographique artisanal, l'artiste fabrique ses clichés avec la lumière et le temps tel un reportage poétique intemporel. L'accident et l'aléatoire, propres à la pratique du sténopé, s'immiscent dans l'image et créent un paradoxe déstabilisant entre vérité et imaginaire. La réalité de la ville se déroule ainsi avec délicatesse sous notre regard, tout en étant hors du temps.
Nimbée d'une poussière grise ou gorgée de contrastes noires, la série arpente les rues de Grenoble desquelles apparaissent soudain des êtres spectrales et habités. L'architecture urbaine prend vie grâce au grain de la photographie, activant une narration insaisissable au cœur d'un moment suspendu à l'image de cet homme devant le supermarché Atac, qu'on ne saurait identifier. En négatif, le portrait de la ville s'imprime sur la rétine de manière vibrante et nébuleuse, pour un témoignage sensible à la vision cinématographique.
Vincent Costarella
À l'Alter-Art, jusqu'au dimanche 26 juin