Il était une fois Jajouka, village musicalement mythique

En 2012, les cinéastes Éric et Marc Hurtado ont livré "Jajouka, quelque chose de bon vient vers toi", documentaire sur un village marocain dont la musique rituelle a inspiré bon nombre d'artistes des dernières décennies. La Cinémathèque de Grenoble le diffuse vendredi 12 mai, avec Marc Hurtado dans la salle.


Petit village rural isolé, perdu au fin fond des montagnes du Rif marocain, Jajouka perpétue depuis plus de 2000 ans une forme de musique rituelle absolument unique en son genre, particularisée par l'usage de flûtes stridentes, de percussions tribales hypnotiques et de chants rocailleux incantatoires. Pratiquées à des fins thérapeutiques, les célébrations musicales de Boujeloud, qui se déroulent chaque années plusieurs jours durant à Jajouka, ont ainsi attiré dès les années 1950 l'attention d'écrivains majeurs de la "beat generation" comme Brion Gysin, Paul Bowles ou Williams S. Burroughs, stupéfaits par leur étonnante proximité avec les Lupercales de la Rome Antique données en hommage au dieu Pan.

Au même titre qu'une longue et prestigieuse lignée de musiciens occidentaux (Brian Jones, Ornette Coleman, Bill Laswell, Lee Ranaldo, Talvin Singh…), les frères Éric et Marc Hurtado, fondateurs du duo industriel Étant Donnés et déjà auteurs de nombreux films expérimentaux, entretiennent depuis plusieurs décennies une véritable passion pour les rites de Jajouka. Envisagé comme un « documentaire de fiction », leur Jajouka, quelque chose de bon vient vers toi, réalisé en 2012, illustre le mythe archaïque du village en mêlant à l'aspect légendaire un aperçu des rituels qui se déroulent aujourd'hui encore pendant les célébrations de Boujeloud. Objet cinématographique aussi atypique que fascinant, le film constitue ainsi une sorte de portail vers un univers mystérieux et hors du temps, d'une beauté stupéfiante.

Jajouka, quelque chose de bon vient vers toi
À la Cinémathèque ​vendredi 12 mai à 20h


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Cartographies embryonnaires signées Estefanía Peñafiel Loaiza