JLG, double portrait


Tremblement de terre longtemps redouté dans le cosmos cinéphilique, la disparition de Jean-Luc Godard (1930-2022) a naturellement incité les villes dotées de cinémathèques auxquelles il était lié de lui rendre hommage. L'historique institution parisienne a beaucoup communiqué en ligne à sa mort en septembre, sa petite sœur lausannoise (voisine de Rolle où il passa la dernière partie de sa vie) vient de débuter une rétrospective. Restait Grenoble, où il rencontra Juliet Berto, avant d'y résider du mitan à la fin des années 1970 à l'invitation du génial Jean-Pierre Beauviala – lequel sut le convaincre de basculer du support cinéma vers la vidéo. La capitale iséroise se devait de saluer la mémoire de celui qui fut l'un de ses citoyens ; la Cinémathèque s'en charge avec pas moins de deux rendez-vous hommage, articulés autour de longs-métrages plutôt rares appartenant à la dernière période du cinéaste. La moins connue.

Vendredi 2, c'est le symbolique et auto-réflexif Nouvelle Vague  (1990), ou la rencontre entre deux exilés  ayant trouvé refuge sur les berges lémaniques. Le lac est d'ailleurs un personnage clef de ce film orphique – au sens coctaldien du terme – rappelant également le Théorème de Pasolini, où un mystérieux personnage campé par Delon surgit dans la vie d'une femme d'affaires, puis est apparemment noyé par celle-ci, avant que son double ne revienne et prenne une forme de revanche sur la criminelle. Il n'est pas exclu de voir dans ce film en deux mouvements symétriques la métaphore du film : tournage, projection. Le lendemain, on continuera dans la mise en abyme avec un téléfilm appartenant à la collection Série noire, Grandeur et décadence d'un petit commerce de cinéma (1986) narrant les désarrois d'un cinéaste (Jean-Pierre Léaud) et de son producteur (Jean-Pierre Mocky) achoppant à fabriquer un film – ça sent le vécu. Pour accompagner ces soirées, deux cicérones familiers de JLG époque grenobloise :  Jean-Claude Gallotta et Jean-Pierre Andrevon.

Vendredi 2 décembre à 20h et samedi 3 décembre à 17h au cinéma Juliet-Berto, de 4€ à 6, 50€


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