Vie d'un pourri

Soavi / Voilà l’occasion de rattraper un chef-d’œuvre condamné à l’oubli par son exploitation française lapidaire. Son auteur, Michele Soavi, s’était fait connaître des cinéphiles via ses contributions au cinéma horrifique transalpin (Bloody Bird, La Secte, et surtout le magnifique Dellamorte Dellamore). S’ensuit une dizaine d’années, passées à la réalisation de séries et de téléfilms, où Soavi attendait de trouver LE sujet qui le ferait revenir sur grand écran. Il s’agira du roman de Massimo Carlotto, Arrivederci Amore Ciao, mémoires d’un ancien activiste d’extrême gauche, de retour en Italie après un exil forcé en Amérique Centrale, qui découvre un pays encore plus sinistré qu’à son départ. Marasmes sociaux, économiques et affectifs, corruption généralisée (flics, politiciens, et voyous se fondent en un même agrégat désabusé et profondément puant), absence de valeurs, jeux de pouvoirs malsains fondés sur la violence… La mise en scène de Soavi, si elle se laisse aller à quelques écarts esthétiques déstabilisants mais toujours pertinents, n’en oublie pas moins de créer une atmosphère clinique à même d’enfermer ses personnages dans leurs contradictions. Mais le véritable tour de force du film demeure la caractérisation de son anti-héros, campé par un Alessio Boni tétanisant. Imprévisible, misanthrope, d’un cynisme monstrueux, entraînant sciemment dans sa descente aux enfers tous ceux qui daignent l’approcher. À un tel niveau d’antipathie, le film se flanque d’un caractère volontairement répulsif qui le rend encore plus fascinant. Et c’est là où Soavi touche juste, par opposition aux récentes tentatives poussives du cinéma français de portraitiser le gangstérisme : Arrivederci Amore Ciao relie la petite histoire à la grande en un jeu de miroirs à l’efficacité redoutable, n’oublie jamais la nature de ses personnages pour mieux cerner la psyché de son pays. Le tout en nous livrant une pure œuvre de cinéma, tout simplement dantesque. FCArrivederci Amore Ciaojeu 15 à 13h40, dim 18 à 22h10, ven 23 à 19h45, lun 26 nov à 15h45, au Cinéma Le Club

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