Musique / Discrédité par toute une vague de pseudo-producteurs house opportunistes et de compils lounge fashion de bas étage, l’électro-jazz français de qualité n’a pas dit ses derniers mots pour autant, et vient le prouver jeudi et vendredi avec la venue à l’Art-Scène de deux formations des plus honorables, Electro Deluxe et Wise. Damien Grimbert
Quatuor fondé à la fin de l’année 2001, Electro Deluxe réunit les musiciensThomas Faure au saxophone et à la programmation, Jérémie Coke à la basse, Gaël Cadoux au claviers, et Arnaud Renaville à la batterie. Plus que dans l’électro-jazz au sens restrictif du terme, le groupe s’aventure, au fil des plages de leur réussi dernier opus Stardown (sorti sur Such Productions), dans des territoires hybrides à la croisée de l’électro, certes, mais également du jazz/funk estampillé 70’s, de la nu soul (mention spéciale aux superbes interventions de Cynthia Saint-Ville), voire du hip-hop groovy sur quelques titres où le rappeur IMO pose son remarquable flow. Revendiquant des influences aussi hétéroclites que Herbie Hancock, Erik Truffaz, Buckshot Lefonque, ou Meshell Ndegeocello, la formation ne se laisse cependant pas cannibaliser par ces prestigieuses références, et offre au contraire à l’auditeur un univers sonore varié et généreux, mais des plus cohérents, qui ne planque jamais derrière sa diversité un certain manque d’inspiration. L’ensemble prenant évidemment une tournure franchement différente sur scène, où l’énergie et l’improvisation prennent le dessus pour une tornade rythmique qui devrait en laisser plus d’un ébouriffé. Nu jazz dream teamParmi les nombreux invités sur l’album (treize au total !), on trouve, aux côtés de guests aussi renommés que Didier Lockwood, ou Flavio Boltro, deux des membres du trio Wise, qui leur succéderont le lendemain. Auteur d’un premier opus remarqué, Electrology (toujours sur Such Productions) mêlant jazz et électro avec une justesse qui fait plaisir à entendre (Laurent Garnier ne tarit d’ailleurs pas d’éloges à son sujet), Wise regroupe le compositeur, arrangeur et multi-instrumentiste Julien Birot, le pianiste Robin Notte (qui apporte au groupe ses influences house et drum’n’bass), et enfin le trompettiste Guillaume Poncelet, également membre de l’excellent collectif No Jazz. Après de nombreuses collaborations (le chanteur David Linx, ou encore le saxophoniste Julien Lourau, pour n’en citer que deux, enrichissent ainsi sur plusieurs titres les compositions d’Electrology), et une pratique conséquente des scènes hexagonales, voire européennes, le trio ne devrait pas démériter lors de son concert à l’Art-Scène, et clôturer en beauté cette deuxième soirée consacrée aux nouveaux talents d’une scène beaucoup plus en forme qu’on veut bien le reconnaître.Electro Deluxe / Wisele 30 juin / le 1er juillet à l’Art-Scène
