Le peer-to-peer et le cinéma : deep impact ?

Plus tardif que celui des morceaux de musique, le téléchargement des films prend peu à peu des proportions considérables, au gré de l’augmentation des capacités offertes par les fournisseurs d’accès et l’évolution du P2P. Régis Autran

En effet, via le protocole bit-torrent, on ne trouve plus seulement en téléchargement des divx mais carrément des copies intégrales de DVD non compressés. Au colloque antipiraterie qui s’est tenu à Cannes le 11 mai 2004 (où les plus alarmistes faisaient état d’un mystérieux logiciel permettant de télécharger un film en quelques minutes, on attend toujours de le voir) et qu’organisaient le CNC, Canal +, l’Alpa (Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle) et le Festival de Cannes, on faisait état en France d’un million de films téléchargés chaque jour, chiffre à comparer avec un peu moins de 200 000 DVD vendus et un peu plus de 500 000 spectateurs dans les salles, par jour également. Dans l’Hexagone, les habitués du P2P téléchargeraient en moyenne une douzaine de films chaque mois, en visionneraient à peine la moitié en entier et n’en conserveraient quasiment aucun. En clair : on télécharge, on visionne directement sur son ordinateur et on efface.Contre-offensive légaleCette pratique addictive concerne aussi bien les films français qu’étrangers et porterait préjudice en premier lieu au marché de la vidéo (vente et location), dans la mesure où l’essentiel des films piratés le sont après leur sortie en salles. Les conséquences seraient plus graves que pour l’industrie du disque car, d’une part l’investissement est beaucoup plus élevé pour un film que pour un disque, d’autre part le nombre de films à succès est infiniment plus petit que celui des succès musicaux. C’est en tout cas le point de vue de Nicolas Seydoux, président de Gaumont mais aussi de l’Alpa. De par le monde, il y aurait selon lui «seulement quelques films, une grosse centaine, qui ont d’excellents résultats et qui permettent de produire tous les autres». Du coup, «si ces films ne perçoivent plus l’intégralité de leurs recettes, les autres ne seront plus produits». Mais paradoxalement à ce coup de poignard porté d’une main à l’industrie du film, l’Internet en tend déjà une autre à sa victime pour l’aider à se relever. «De même que le film a trouvé dans la télévision, les vidéocassettes et les DVD de nouveaux moyens de diffusion, il trouvera aussi des fenêtres particulières pour Internet», poursuit Nicolas Seydoux. Un avis que partage Benoît Danard, chef du Service des Etudes, des Statistiques et de la Prospective du CNC : «le développement d’offres légales de films sur Internet apparaît clairement comme une alternative à la piraterie, à la condition qu’elles soient attractives pour les internautes».Les alternatives gratuitesSans se lancer dans l’insoluble (et un poil rébarbatif) débat “pour ou contre le P2P”, rappelons simplement les alternatives gratuites existantes. En effet, de plus en plus d’artistes et de labels mettent à disposition sur leur site des extraits musicaux de leur cru, de durées et de qualités variables (de 30s de Real Audio pourri pour les plus radins, à plusieurs heures en MP3 impeccables pour les plus généreux), dans le simple but de donner un aperçu de leur travail. On citera à titre d’exemple l’excellent label électro-foutraque californien Tigerbeat6 ww.tigerbeat6.com), dont la démarche est de mettre à la vente les productions de ses artistes à un prix minime (de 10 à 12 euros par CD), tout en permettant de télécharger gratuitement les mixes de ses DJ’s, mettant en valeur le catalogue du label. Avec un peu d’acharnement, c’est ainsi plusieurs heures de musiques, voire de vidéos, que vous pourrez découvrir, et faire découvrir, en toute légalité.sources :Les Nouveaux Dossiers de l’Audiovisuel N°1, «Piratage : arme de destruction massive de la culture ?» septembre / octobre 2004

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