Le peer-to-peer et l'industrie du disque :

Le problème qui se pose aujourd’hui aux industries culturelles est simple : la numérisation permet de copier les œuvres à l’identique, Internet permet une circulation sans limite des œuvres copiées : dans ces conditions, le risque est grand de voir la copie illégale se substituer à l’achat de l’œuvre originale. Régis Autran

Comment, dès lors, financer la création et rémunérer les artistes ? Pour la 4ème année consécutive, le marché mondial de la musique enregistrée a baissé en 2003 de 7,6 %. Longtemps épargnée, la France a rejoint le mouvement avec une baisse de 14,4 %. En France, on parle de 2/3 de jeunes talents musicaux édités en moins en 2004 que trois ans plus tôt (30 nouveaux talents en 2004 contre 100 en 2001). Les avis divergent sur les causes réelles de la baisse de ces ventes, même si la concomitance de l’apparition du haut débit, du P2P et du début de la baisse des ventes est troublante (aux Etats-Unis, la crise a démarré en 2000, l’année suivant le lancement de Napster, pionnier du P2P ; même constat en France où la chute s’est amorcée en 2003, année de l’explosion du haut débit). Il faudrait être d’une totale mauvaise foi pour ne pas reconnaître qu’au moins une part de ces téléchargements sont des ventes perdues. Et pourtant. Cherchez le coupablePour Daniel Kaplan, délégué général de la FING (Fondation pour l’Internet Nouvelle Génération), «les études n’attribuent généralement pas plus du quart de la décroissance du marché à la copie et certaines considèrent que son effet est pratiquement nul. L’échange de fichiers réduirait certes la vente de certains titres, mais favoriserait également la découverte d’autres artistes, qui déclencheraient ensuite des achats. D’autre part, les internautes téléchargent bien plus de titres qu’ils ne pourraient en acheter – voire en écouter !». De ces études qui affirment que le piratage musical sur Internet ne joue pratiquement aucun rôle dans la diminution des ventes de CD, citons celle qui fit l’effet d’une bombe, publiée par deux universitaires américains (The Effect of File Sharing on record Sales, An Empirical Analysis par Felix Oberholzer & Koleman Strumpf) concluant que l’impact du piratage est «statistiquement très proche de zéro». Une étude venant contredire le discours des maisons de disques, qui martèlent que ces pratiques sont responsables de l’effondrement du marché mondial de la musique (-20 % au total entre 1999 et 2003). Si le P2P n’est pas (seul) responsable, quelles pourraient être les causes de cette baisse ? On évoque, en vrac, la concurrence des radios et télés musicales, le succès du DVD et la concurrence des jeux vidéo, la situation économique ou la fin du cycle de croissance du CD audio. Et puis des prix décidemment rédhibitoires, aussi.Le P2P ou Peer To PeerEn tant que consommateur culturel lambda, il vous est sans doute déjà arrivé de prêter ou d’emprunter un CD ou un DVD à l’un de vos amis. Le P2P est un petit logiciel gratuit qui, par le biais d’Internet, permet exactement la même chose, vos "amis" s’apparentant désormais à l’intégralité des utilisateurs du logiciel (soit plusieurs millions de personnes en moyenne)… D’où l’accès à un stock absolument démentiel de données (musique, films, logiciels) préalablement numérisées, pour pas un sou. Concrètement, le logiciel donne accès, à chacun des utilisateurs, à une partie (prédéterminée) de l’ordinateur des autres utilisateurs, dans lequel ces derniers auront stocké les données qu’ils acceptent d’échanger. L’installation du logiciel est en soi tout ce qu’il y de plus légale, et seule son utilisation peut éventuellement vous mettre hors la loi, si vous l’utilisez pour télécharger des données protégées par des droits d’auteur, et dont vous n’avez pas déjà un exemplaire (acheté, bien sûr !) à la maison. Selon le logiciel, les fonctionnalités diffèrent quelque peu, mais c’est avant tout sa fréquentation qui garantit son succès. A priori du moins, car quantité ne signifie pas pour autant qualité, ni même diversité. De même, les logiciels les plus connus sont logiquement les plus fliqués, et sont la proie préférée des diffuseurs de virus, spywares et autres saloperies.

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