On avait déjà fait le coup une fois en titrant « ça c'est du théâtre » (pour le Notre terreur du collectif D'ores et déjà). On ne va donc pas décliner le concept à l'infini, même si, franchement, une phrase choc comme « ça c'est de la danse » aurait tout son sens ici. Avec Tragédie, le chorégraphe Olivier Dubois a en effet conçu une pièce brute où le mouvement chorégraphique est le centre du spectacle et le vecteur ultime d'émotions. Un mouvement travaillé à l'extrême (les danseurs livrent une véritable performance) qui apparaît néanmoins d'une grande fluidité. Les dix-huit interprètes, tous nus, incarnent l'idée d'une humanité resserrée le plus simplement du monde, sans en rajouter dans le sous-texte – leur présence (en nombre) suffit.
La première partie est à ce titre explicite : pendant 45 minutes, ils rentrent et sortent de scène au rythme d'une bande son entêtante de François Caffenne, collaborateur fidèle d'Olivier Dubois. On se familiarise avec leurs présences, leurs corps – tous différents (ils ont entre vingt et cinquante ans). Une entrée en matière sur la durée, baptisée Parade, qui permettra au spectacle de se déployer magistralement sur les 45 minutes suivantes, en deux autres temps : Épisodes puis Catharsis. Les interprètes, ces figures semblant sorties d'un tableau de maître, vont alors se libérer d'un carcan invisible (grâce au saut, au tournoiement, à la ronde incessante...) pour littéralement exploser. Épuiser l'individu pour faire naître le collectif...
On ressort de la représentation lessivés, sonnés, touchés... Peu de propositions de danse ont autant d'intensité – D'après une histoire vraie, la dernière création du chorégraphe Christian Rizzo dévoilée cet été à Avignon et que l'on pourra découvrir la saison prochaine à la MC2, suit cette même veine, côté tribal. La danse est un art protéiforme, offrant une grande liberté aux chorégraphes. Olivier Dubois semble simplement être revenu à l'essence même de cette expression. Oui, Tragédie, c'est de la danse, de la forte, et l'on en redemande ! AM
Tragédie, jeudi 23 et vendredi 24 janvier, à la MC2