Joey Goebel /
Héloïse d’Ormesson
Ancien chanteur punk et critique musical, Joey Goebel ne connaît que trop bien les ressorts mercantiles de l'industrie du disque et de la culture de masse en général. C'est donc tout naturellement que son deuxième roman, le premier traduit en français, se situe dans l'univers du divertissement. C'est encore plus naturellement qu'il est empreint d'une bonne dose de sarcasme et de (saine) colère qui en fait un plaidoyer truculent en faveur d'une certaine idée de la création artistique. Prenez donc Lipowitz, un magnat des media gravement malade qui tente de se racheter une conscience en créant «Nouvelle renaissance», une académie destinée à former des créateurs authentiques et exigeants. Ajoutez-y Harlan, ancien chanteur et critique, remercié pour avoir laminé dans ses articles des disques issus du groupe auquel appartenait son journal, que Lipowitz embauche pour manager les artistes en devenir. Prenez enfin Vincent, un jeune homme au talent exceptionnel qui fait les frais de cette opération de formation, puisque cette mise en condition consiste à le rendre le plus malheureux possible afin d'exacerber sa sensibilité et sa créativité. Vous obtenez une galerie de portraits savamment complétée par des seconds rôles savoureux, une comédie loufoque joyeusement allumée, une satire sociale bien ficelée, ainsi qu'une réflexion assez subtile sur les mécanismes de la création et le fonctionnement des grands groupes liés à l'industrie du divertissement (de l'abrutissement ?), le tout porté par une langue survoltée et énergique. Un très bon roman, donc, pour les longues heures passées à s'ennuyer sur la plage. YN
