Junji Ito (Editions Tonkam)
Essai de jeunesse du mangaka surdoué Junji Ito (surtout connu chez nous pour son hallucinante œuvre-maîtresse Spirale, à (re-)découvrir de toute urgence), Tomié n’a pourtant rien d’un premier jet bâclé. Serial à haute teneur horrifique (le degré de glauque et de malsain atteint dépasse ici bien des limites, que les plus sensibles soient prévenus), ce manga est centré autour du personnage de Tomié, entité féminine d’une beauté irrésistible, mais à l’âme complètement pervertie. Rendant les hommes fous amoureux d’elle au point de vouloir la lacérer à mort (sic), elle renaît toujours intacte, même réduite à l’état de bouillie sanguinolente, mais provoque systématiquement de nombreux meurtres par sa simple présence. Dès lors, chaque épisode n’est qu’une nouvelle variation autour de ce thème imposé, donnant à l’ensemble un sympathique côté bis (Tomié séduit un jeune enfant, ressuscite dans une usine de saké, traumatise une jeune baby-sitter, se fait vénérer par une secte d’illuminés sanglants…), surtout vers la fin du recueil, où différentes Tomié se livrent à une véritable guerre civile par le biais d’admirateurs zombifiés par leurs soins ! Si l’on ajoute à cela la noirceur inspirée du dessin de Junji Ito, l’étrange et cruelle poésie qui émane des différentes histoires, et l’évidente parabole philosophique autour du thème de la beauté destructrice, difficile de résister au charme de cet ovni ultra-violent. DG
