Quelques obscurcissements
SeuilEn 1991, Alain Fleischer avait publié un livre qui comprenait une courte nouvelle intitulée La Fontaine Von Teck, et un récit autobiographique dans lequel il revenait sur les circonstances de son écriture. La nouvelle parution de ces deux textes prend quinze ans plus tard une signification toute particulière puisque Quelques obscurcissements, le récit autobiographique qui «introduit» le texte de fiction, entre en résonance avec le précédent roman d'Alain Fleischer, L'Amant en culottes courtes (désormais en format de poche). Bien qu'écrit antérieurement, on peut même considérer qu'il en constitue la suite et la fin. Loin d'obscurcir le «labyrinthe Alain Fleischer», cette nouvelle parution donne au contraire un éclairage passionnant sur les liens qui se nouent entre l'expérience personnelle et la création artistique, mais aussi entre les différentes composantes de l'œuvre littéraire. En mettant en relation ces deux livres, ainsi que les éléments de vie qui s'y rapportent, Fleischer nous donne à voir un stimulant jeu de dupes qui reflète à merveille son exceptionnelle aptitude à se jouer des codes littéraires, à entremêler les dimensions biographiques et romanesques : «Ce fragment autobiographique sans numéro, mais le premier de ceux que j'ai été amené à rédiger, puise donc aujourd'hui dans un autre livre, postérieur de quinze ans, quelques informations sur ce temps retrouvé qui me viennent de ce que certains ont aimé lire comme un roman, et qui pour moi est l'empreinte double et réciproque, recto verso, de la vie dans l'écriture et de la littérature dans la vie». YN
