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Panorama / C'est une inflexion qui se renforce : les théâtres s’ouvrent de plus en plus aux circassiens au point que cet été, l’un des principaux évènements du festival d’Avignon était "Qui som ?" des Baro d’Evel qui revient à Lyon en juin, dans le cadre d’une nouvelle édition du festival utoPistes. Tour de piste des spectacles à ne pas manquer.
Depuis toujours Camille Decourtye nous raconte des histoires. Avec Blaï Mateu Trias, son complice à la tête de la compagnie des Baro d’Evel, elle piaffe pour nous dire par exemple qu'il « y a toujours un petit coin où on peut reprendre son souffle ». C’est cette enclave qu’ils construisent dans des formats en duo (Là), à quelques-uns (Bestias, Falaise) ou en communauté comme dans Qui som ? (Célestins, 4 au 11 juin).
Après deux soirées aux Nuits de Fourvière cet été, dans la foulée de la création à Avignon, ils s’installent en salle avec leurs masques de glaises et leurs mouvements d’insectes pour déjouer le réel et s’inventer des vies joyeuses et libres loin de la mer-cimetière qu’ils figurent aussi dans ce spectacle, présenté dans le cadre du festival utoPistes (du 22 mai au 21 juin).
Cette 7e édition compte aussi la dernière création de son directeur. Le trampoliniste Mathurin Bolze monte, avec 6 autres circassiens Immaqaa, ici peut-être (MAD, 3 au 6 juin), et nous mène au pôle magnétique du Grand Nord. Autre gros plateau : celui de leurs amis, souvent bavards, du Galactik Ensemble. Dans Frasques (MAD, 12 au 14 juin) les acrobates presque clowns s’inspirent de la force de Coriolis qui détermine sur Terre le sens des rotations.
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Dans un style plus démonstratif, pendant que leur blockbuster Machine de cirque vu et revu à Lyon sera à La Scala à Paris, la compagnie du même nom présentera La Galerie à Lyon (MAD, 14 au 20 déc.) pour clore 2024, une façon de transformer la scène en musée. Autre grosse pointure : les australiens de The Gravity et other Myths, qui avaient ouvert les Nuits de Fourvière en mai, reviennent au Radiant (18 et 19 jan.) avec Ten thousands hours.
La Suisse à l'honneur
Mais c’est plus certainement aux Subs qu’il faudra aller voir du cirque. Leur programmation en la matière s’étoffe avec des artistes plus rares que les deux précédemment nommés. C’est le cas notamment de Julian Vogel, à l’origine déjà de l’installation Crescendo dans la grande cour, pas la plus spectaculaire mais la plus intéressante de celles qui y ont trouvé place depuis quatre ans. Ce travail sur la céramique, le Suisse le développe plus encore dans Ceramic Circus (2 au 6 oct., création) dans des numéros traditionnels (assiettes chinoises, vélo désarticulé…) métaphores de l’aléatoire et de l’incertitude. Deux autres compagnies helvètes intrigantes sont aussi programmées à cette période : une de parkour (Impact d’une course), l’autre de contorsion et danse (Nuée ardente).
Retours et reprises
Quant à la trapéziste Mélissa Von Vépy, déjà passée aux Subs, elle sera cette saison à la Renaissance (23 au 25 mai) avec Piano Rubato dans lequel elle s’associe au compositeur de jazz Stéphan Oliva. L’autre grande spécialiste de l’aérien qu’est Chloé Moglia sera à La Mouche pour L’Amour du risque (15 nov.) dans le cadre de la nuit du cirque en novembre.
Comme souvent en cirque, les reprises sont légions. C’est le cas des Lyonnais de Petit travers qui reviennent avec S’assurer de ses propres murmures (Renaissance, 25 et 26 mars), magnifique duo d’un jongleur et d'un batteur pour leur création de la dernière Biennale de la danse, un brin trop appuyée en paroles mais brillante dans leur art du jonglage et accompagné du Quatuor Debussy, Nos matins intérieurs (MAD, 8 au 14 fév).
Une autre pointure en la matière, britannique, passe par le théâtre du Vellein, organisateur d’une biennale de cirque les printemps pairs à Villefontaine – Nord-Isère : les Gandini juggling reprennent Heka, lorgnant sur la magie. Toujours avec des balles, le très réussi solo de l’Aindinois Quentin Brevet, À tiroirs ouverts est au Polaris de Corbas (30 mars). Avec des anneaux bicolores, sur le cadre bucolique d’une balançoire, la compagnie L’Envolée lyrique présentera son magnifique et tendre Vertige de l’envers (Théâtre Théo Argence, 5 fév).
Et si l’apesanteur est la question de tout circassien, Olivier Debelhoir dans Un soir chez Boris ne cesse l’expérimenter, skis au pied dans sa yourte (au théâtre de ViIllefranche, 6 fév). À La Mouche le 11 octobre, il fera une sortie de résidence de son nouveau projet adapté aux salles La Vie de ma mère. Raphaëlle Boitel est présente deux fois avec sa sublime La chute des anges
(Villefranche, 13 et 14 mars) et Ombrées portées (Célestins, 19 au 23 mars). Le TNG accueille son frère, Camille, au travail plus âpre avec des objets colossaux Le Poids des choses, 5 au 7 juin.
Preuve – s’il en fallait – que le cirque et le théâtre ne cessent de dialoguer : les comédiens Sacha Ribeiro et Alice Vannier (compagnie Courir à la catastrophe) associés à deux homologues du CNAC, Voleak Ung et Vincent Brière rejouent À tout rompre (La Mouche, 27 mai) sur la notion toute relative de risque et sur celle de tentative. La pièce sera aussi au théâtre de la Croix-Rousse qui programme par ailleurs, pour clore la saison de ses 30 ans Le Premier Artifice du Cirque queer (12 au 20 juin)… Comment ne pas, dans ce lieu dont la ligne artistique est centrée sur la notion de genre ?
Jeunes talents
Enfin, en attendant que l’école de cirque de cette métropole ne s’installe dans la Cité internationale des arts du cirque dont l’inauguration est prévue fin 2027, celle-ci ouvre traditionnellement ses portes en cette rentrée avec ses Éclats de cirque. 4 spectacles (dont Bleu tenace conçu par Chloé Moglia) programmés gratuitement le 11 septembre sur le parvis de la MJC Ménival et le 15 au parc de la mairie du 5ᵉ. C’est dans cette école pourvoyeuse de talents (8 élèves sur 12 ont intégré des écoles supérieures cette année !) que la majeure partie des membres de la compagnie Puéril péril se sont rencontrés. Le 14 mars, au théâtre de Vénissieux, ils présenteront leur création du cru 2024 faite de portés et de main-à-main, Kontact. L’essence-même du cirque.
Éclats de cirque, le 11 septembre sur le parvis de la MJC Ménival et le 15 au parc de la mairie du 5e (gratuit)
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