Broyer du noir et… du blanc avec Anne-Lise Broyer

Art contemporain / Des gravures, des dessins, des photographies en noir et blanc, ou les trois entremêlés : Anne-Lise Broyer présente à l’URDLA de nouvelles œuvres, sous l’égide du poète Mallarmé.

Les images d’Anne-Lise Broyer (née en 1975, vivant à Paris) semblent particulièrement regorger d’un temps épais, silencieux, lointain. Il y est souvent question de lieux presque en ruine, d’objets usés, de fragments de choses qui se délitent, de présences fantomatiques… Présences nues et énigmatiques, dont le passé sourd à la surface, en noir et blanc souvent.

Au geste de photographier, Anne-Lise Broyer ajoute parfois le geste de dessiner, rehaussant certaines images de graphite. Son travail se confronte aussi à la littérature, puisant son inspiration dans les univers d’écrivains tels que George Sand, Pierre Michon, Georges Bataille… Ce dernier (sa figure, ses lieux, ses écrits…) a été l’objet d’un long engagement (une dizaine d’années) et de très nombreuses images, réunies pour beaucoup dans des livres, tel le très beau Journal de l’œil aux éditions Loco. Avec son exposition à l’URDLA, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre autour de l’univers du poète Stéphane Mallarmé.

Calmes blocs ici-bas…

L’accrochage délicat, épuré, présente des photographies inédites et des œuvres produites sur les presses de l’URDLA, entremêlant photographie, dessin et gravure. Un tressage de traces et de gestes où le blanc (« couleur » mallarméenne par excellence) domine. Il y a sur les murs un enfant qui dort, des bouquets de fleurs, une porte qui s’ouvre, des livres qui s’amoncellent, un pan de table, des paysages… Chaque image se réfère plus ou moins directement à Mallarmé, mais il n’est pas indispensable d’en avoir les clefs précises : la rêverie opère, pour chaque spectateur singulière, d’œuvre en œuvre, de songe en songe, d’expérience sensible en expérience sensible. Toutes en format vertical, les images, rassemblées par deux, trois ou quatre, sont comme des encoches dans l’espace dont l’accrochage insuffle le rythme, la prosodie, les accords et les contrepoints. Rythmes et mises en espace que Mallarmé lui-même explorait dans sa poésie, dans Un coup de dés tout particulièrement.

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Anne-Lise Broyer à l'URDLA. Photo Cécile Cayon

Dans son essai Igitur et la photographie, Yves Bonnefoy soulignait la très grande proximité de la poésie de Mallarmé avec la photographie : « L’acte mallarméen est une “photographie”. Car c’est le détail vu de près et saisi dans sa matérialité essentielle que le regard poétique de Mallarmé privilégie – que ce détail soit une dentelle, un grimoire, un miroir, les meubles (crédences, consoles, lits), une salle abandonnée, le col d’un vase, une fleur absente… ». Remarque qui résonne ô combien avec les photographies-poèmes d’Anne-Lise Broyer.

Anne-Lise Broyer, La maladie du sens
Jusqu’au 30 novembre à l’URDLA Villeurbanne ; entrée libre.

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