Un beau bric-à-brac pictural


Musée / L'exposition Le Temps de la peinture, Lyon 1800-1914 s'interroge sur l'existence d'une ou de plusieurs écoles lyonnaises de peinture au XIXe siècle. Interrogation théorique un peu vaine (comment par exemple définir un peintre lyonnais ?) et sans grand intérêt, qui n'excitera que les plus nombrilistes des érudits locaux. En revanche, il existe des dominantes ou des «couleurs» locales qui ont peu ou prou déteint sur les artistes de la région : la peinture de fleurs (liée au départ à la soierie, l'École des beaux-arts de Lyon ayant été créée en 1805 en lien direct avec cette industrie), la peinture troubadour (Richard, Révoil et beaucoup d'autres reconstituent des scènes historiques moyenâgeuses), la peinture religieuse (Flandrin) ou philosophique (Chenavard), le paysage... L'exposition montre aussi les nombreuses connexions avec la création dans les pays voisins (les Nazaréens allemands, l'anglais Burne-Jones...). Au-delà, et malgré un accrochage un peu trop dense et parfois pompeux, elle est surtout l'occasion de découvrir nombre de peintres méconnus, pas forcément à la pointe de l'avant-garde, mais pas forcément inintéressants pour autant. Nous nous sommes même surpris à apprécier la salle dite des fleurs pétaradante de pétales, couleurs, parfums, détails ultra réalistes, et laissant parfois apparaître entre deux bouquets les visages de ravissantes jeunes filles («La Jardinière» de Simon Saint-Jean). Il faut donc aborder cette exposition en pique-assiette et picorer ici et là quelques tableaux superbes : un autoportrait androgyne de Janmot, un «Intérieur de cuisine» pittoresque de Grobon, un «Enfer» gore signé Paul Chenavard, la stupéfiante composition verticale de «La Roue de la fortune» de Burne-Jones, les dessins sans fioriture de violentes scènes d'histoire de Meissonnier ou de l'allemand Menzel, la Julie surprise par des soldats romains de Puvis de Chavannes, singulier mélange d'érotisme et d'effroi. JED Le Temps de la peinture, Lyon 1800-1914 Au Musée des Beaux-ArtsJusqu'au 30 juillet


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«Sortir de la vision d'une ville triste»