Lille, l'autre capitale


Bilan / Comme pour tout bilan qui se respecte, on commencera par un chiffre, plutôt impressionnant : 73, 7 millions d'euros. C'est le montant du budget de «Lille Capitale Européenne de la Culture en 2004». La métropole du Nord, candidate élue au prestigieux label il y a trois ans, a ainsi littéralement pu exploser culturellement et, de manière indissociable, économiquement. D'abord, l'engouement pour les projets d'infrastructures et événements culturels n'a pas concerné que le public, il a largement touché les investisseurs privés qui représentent toujours de potentiels mécènes. Pour «Lille 2004», ils le sont devenus à hauteur de treize millions d'euros. Les retombées économiques se sont ensuite étendues sur toute la région Nord Pas-de-Calais: les villes de Roubaix mais aussi voisines en Belgique ont bénéficié d'une affluence touristique sans précédent. «Lille 2004» a même été proposé en pack par des dizaines de tour-opérateurs. L'Insee a ainsi constaté une évolution de l'emploi dans la ville entre 2003 et 2004 de 22% dans le secteur culturel (avec une grande majorité de CCD néanmoins, mais malgré tout 28 CDI et 485 intermittents appelés à collaborer). Une autre enquête indique que les chiffres d'affaires des restaurants à Lille ont nettement augmenté, et que l'hôtellerie sort évidemment grande gagnante de cette course à la promotion. Lille et sa région n'auront en effet jamais attiré autant de touristes étrangers, sans compter le retentissement médiatique, jusque dans le New York Post. Deux mille gros événements ont été organisés durant cette année bénie, mais la vraie réussite cultuelle se mesure à l'installation pérenne de dizaines de lieux dédiés à la création. Le Tri Postal, du nom de l'ancienne activité de ce vaste lieu, est sans doute l'ouverture la plus emblématique de «Lille 2004», tout comme les «douze maisons Folie» désormais implantées dans toute la région du Nord. Bâtiments industriels désaffectés ou constructions anciennes du patrimoine régional sont ainsi devenus des lieux de vie, d'expositions et de spectacles. Dalya Daoud


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«Une candidature militante»