The Queen

de Stephen Frears (Fr-Ang-ÉU, 1h39) avec Helen Mirren, Michael Sheen...


Le défi était de taille. Pensez donc : aborder les heures les plus sombres du règne d'Elizabeth II, illustre figure régalienne dont on ne connaît les pensées qu'à travers les déformations et interprétations de la presse. Avec pour catalyseur de la fracture entre les Windsor et le peuple britannique, le moment de la mort de Lady Di, où la fiction quelque peu maniérée s'opposerait aux images d'archives du deuil national. Ce parti pris spéculatif, sur les motifs ayant amené la famille royale au silence sur la tragédie, l'emporte bon gré mal gré sur l'émotion agitant la Grande-Bretagne en parallèle. Soigneusement "cloîtrés" dans leur résidence de Balmoral, les monarques brillent de saillies empruntées, soulignent leurs valeurs et leur honneur d'un autre temps, marquent l'opposition - voire l'incompréhension hostile - face aux débordements lacrymaux populaires. Via la réappropriation de Stephen Frears et de son scénariste, c'est le portrait d'une Grande-Bretagne en pleine incertitude qui se dessine : le "modernisateur" Tony Blair (excellent Michael Sheen) vient d'arriver au pouvoir, fasciné par le poids symbolique de la couronne et de sa représentante ; le peuple, traumatisé par la perte de cette "roturière" qui avait su les rapprocher de la monarchie, fustige à présent ses régents. Lorsqu'il aborde de front ces interactions, le film de Frears touche au but et s'avère passionnant, en particulier lors des scènes avec son fringant Premier ninistre, persuadé de sauver le pays à lui seul. Quand il s'attache à dépeindre les Windsor, s'il prend un malin plaisir à caricaturer les princes Charles et Philip, son incarnation d'Elizabeth II, pourtant campée par une Helen Mirren stupéfiante, peine à trouver un équilibre entre ironie et dévotion. François Cau


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