Le réel tête en bas


Zoom / Nathalie Ergino (ex-directrice du musée d'art contemporain de Marseille) a succédé récemment à Jean-Louis Maubant à la direction de l'Institut d'Art Contemporain de Villeurbanne. Sa première exposition est encore une exposition de transition qui se divise en deux parties : un petit hommage à Raymond Hains (décédé l'an dernier) autour de l'idée de distorsion du réel et une présentation patchwork des dernières acquisitions du FRAC Rhône-Alpes... Affilié aux Nouveaux Réalistes dans les années 1960 et connu pour ses affiches lacérées, Raimond Hains a mené de nombreuses recherches sur de nouvelles perceptions possibles du réel, en utilisant notamment le verre cannelé dans ses films et photographies. Pénélope, par exemple, est un très beau film totalement abstrait, tourné en interposant des plaques de verre cannelé entre la réalité filmée et l'objectif. Autour de cette œuvre, on pourra découvrir nombre de créations intéressantes d'autres artistes s'affairant à déformer le réel : les photographies truquées de Nicolas Moulin vidant Paris de toute forme humaine, les lunettes de Carsten Höller permettant de voir l'exposition à l'envers, les expériences culinaires de Rodney Graham filmant des graines de cannelle sur une plaque électrique de cuisine (!), le ciel filmé en direct d'Ann Veronica Janssens basculé et projeté sur une cimaise... Mais c'est surtout l'œuvre du duo Kolkoz qui retient l'attention : les deux artistes ont filmé leurs vacances et leurs déplacements, puis ont transposé les images enregistrées en un film 3D de synthèse à l'esthétique grossière de jeu vidéo. Ici, c'est finalement le réalisme paradoxal de ces images qui frappe : le jeu vidéo semble en effet rendre assez fidèlement l'aspect artificiel des plages, des transports en commun, des tours de Hong Kong et de manière générale de notre environnement contemporain ! À ne pas rater non plus parmi les acquisitions du FRAC : le Journal de Claude Closky, suite d'images prélevées sur Internet (sport, actualité, mode...) accompagnées d'étonnantes onomatopées sonores. JEDDistorsions et Collection'05 À l'Institut d'Art Contemporain Jusqu'au 27 août


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"Un conte de fée à l'envers"