Qui es-tu, le film de genre gay ?


Rétro / C'est un fait établi, l'homosexualité a encore du mal à trouver sa place sur grand écran, en dehors des oripeaux des plus sinistres pantalonnades ou d'un cinéma d'auteur à la diffusion forcément limitée. Même dans le porno, notre John B. Root national est bien le seul à insérer, avec bonheur, des scènes hard entre garçons à l'intérieur de ses films. Seul cas à part, la Thaïlande, où le gay flick se décline à toutes les sauces depuis le succès fracassant de la comédie Satreelex - Iron Ladies (du biopic avec l'émouvant Beautiful Boxer, du film de guerre avec l'incroyable Saving Private Tootsie...). La meilleure solution, admirablement disséquée dans l'édifiant docu The Celluloïd Closet, le cryptage thématique, esthétique ou figuratif. Et dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, le cinéma de genre est un précurseur. Le Western, par exemple, ne devait jamais se remettre de la fameuse comparaison de flingues de John Wayne et Monty Clift dans la Rivière rouge : dès 1960, Dirk Bogarde, tout de cuir vêtu, lance des œillades pour le moins équivoques à un John Mills ensoutanné dans Le Cavalier Noir de Roy Ward Baker ; 7 ans plus tard, le parfum de scandale entourant le Tire encore si tu peux ! de Giulio Questi viendra en partie de la sexualité à peine cachée du gang de muchachos sadiques pourchassant Tomas Milian. Le fantastique n'est pas en reste, et permet d'évoquer le pionnier séditieux de l'homoérotisme à peine voilée dans le cinéma bis, l'américain David DeCoteau. De cette filmo pléthorique (40 films en 15 ans), où de beaux jeunes hommes passent le plus clair de leur temps en boxer moulant au sortir de cérémonies démoniaques moites, retenons l'extraordinaire Wolves of Wall Street, où un jeune broker intègre un bureau de change et découvre que ses collègues ne sont autres que des loups-garous lascifs (leur boss, Eric Roberts, pisse du haut du building pour marquer son territoire !), ou encore l'hilarant Leeches, où des nageurs musclés boostés aux stéroïdes se font pomper par des sangsues voraces. DeCoteau, flanqué d'acteurs insipides mais canons, améliore sa mise en scène de film en film et s'impose comme la voix pernicieuse privilégiée de l'imagerie gay au 7e art. FC


<< article précédent
Déraison et sentiments