Intimités


Musique / Il y a quelques mois, bouleversés par la scène finale du plus beau film de l'année (Mysterious skin de Greg Araki), on se disait qu'il fallait peut-être réexaminer le cas Sigur Ros. À dire vrai, on s'était fait à peu près la même réflexion après leur impressionnant concert à l'Auditorium en 2003. Mais voilà, sur disque, il faut bien le reconnaître, Sigur Ros, c'est un peu chiant ! Enfin, plus tant que ça depuis que l'on porte une oreille neuve sur les albums du groupe, suite à ces drôles de collisions audiovisuelles (un autre très bon exemple dans La Vie aquatique de Wes Anderson). Associée à des images, la musique des Islandais devient sans conteste une des plus poignante de son époque. Comme si l'attention du regard (en concert ou au cinéma) était nécessaire pour embrasser totalement l'univers du groupe et caler son rythme cardiaque sur ces pulsations singulières. Une question de contexte et d'intimité. Cette intimité dans laquelle s'épanouissent à merveille les chansons de Bed, ou du moins s'épanouissaient. Car après deux albums somnambules qui flottaient avec grâce au-dessus des terres royales de Mark Hollis (Talk Talk) et Robert Wyatt, Bed nous pousse au jeu de mots foireux, mais inévitable, en sortant de son lit. Finis les silences fragiles, les batteries suspendues et les voix balbutiant un mot tous les quarts d'heure. Bed s'emballe et fait désormais dans la cavalcade pop enlevée. Le chant dessine de folles courbes mélodiques aux accents californiens, porté par un son dense et incisif, méticuleusement façonné par Benoît Burello et sa garde rapprochée. Un virage déstabilisant pour les fans de la première heure, mais négocié avec un incroyable panache. Bed est mort, vive Bed !Emmanuel AlarcoSigur RosAu Transbordeur le 17 novembreBedAux Coulisses du Bistrot de Vaise le 19 novembre


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