Passer l'hiver

Musique / Après un automne flamboyant, la morte-saison s'abat sur les scènes lyonnaises. À y regarder d'un peu plus près, on trouvera tout de même deux ou trois raisons de sauter au plafond. Emmanuel Alarco


L'an neuf est enfin là. Enfin, car qui dit an neuf dit un pas de plus vers des saisons plus clémentes où la lutte thermique n'absorbe plus la majeure partie de notre énergie et où les éléments sont autre chose qu'une entité incompréhensible et hostile. Des saisons où, si inconcevable que cela peut paraître aujourd'hui, concert rime avec plein air ! Digressions météorologiques et hommages à Joël Collado mis à part, l'hiver musical lyonnais risque d'être long. À commencer par le toujours très glamour mois de janvier, dont on retiendra surtout la venue de Jeff Mills qui, après Metropolis de Fritz Lang, s'attaque à Three ages de Buster Keaton et à sa bande son (le 25 au Transbo). Le mois de février sera tout entier acquis à la cause "chanson", avec dans des registres pour le moins variés : le tiraillé (entre ceux qui conspuent, ceux qui défendent et ceux qui s'en cognent !) Vincent Delerm (les 8 et 9 à la Bourse du Travail) ; le champion de la connerie pure et du mauvais goût, notre vénéré Didier Super qui après avoir blindé à craquer deux Bistroy en novembre s'attaque à son Bercy à lui (le Rail Théâtre, le 10) ; et le concert que tout le monde ici attend avec l'impatience d'une vessie après une matinée de décembre au grand air, Bertrand Betsch. Quelques semaines après une mise en bouche à la Fnac (le 22 janvier), Monsieur Pas de bras, pas de chocolat traînera sa grande carcasse et ses chansons vitales sur la scène du CCO (le 25, avec François Hadji-Lazaro) pour le plus grand bonheur de fans de plus en plus nombreux et fervents.Mars attaqueC'est en toute logique à l'orée du printemps que les hostilités vont se durcir et les pages des agendas se noircir. Le 2 mars, Piers Faccini et Red croiseront le fer sur la scène du Transbo, l'un pour défendre son folk aérien, l'autre sa néo-country plus royaliste que le roi (en l'occurrence, Will Odham, guest de luxe du très beau Nothing to celebrate) ; Death in Vegas passera du Transbo (en 2002) au Kao (le 9), tandis que Girls in Hawaii fera le trajet inverse et jouera donc gros (le 19). Quelques jours plus tôt, la date qui nous fait nous fait nous frotter les yeux, puis les mains : celle des Anglais casse-burnes de Keane (le 15 au Transbo). Non par penchant masochiste pour le bris de parties génitales, mais parce que ces jeunes blancs-becs qui n'ont pas inventé le fil à couper le Coldplay, possèdent néanmoins une qualité remarquable : ils sont fans de Rufus Wainwright. Nous aussi, et nous nous réjouissons donc de cette surprenante prestation en vedette américaine (le Velvet a bien ouvert pour U2 et les Pixies pour les Red Hot !) qui nous tombe du ciel. Notons également la double offensive Peuple de l'Herbe/Roots Manuva (le 18 au Transbo) ; pour le reste, comptons sur les surprises de dernière minute, les valeureux activistes locaux et en attendant, enfilons une bonne paire de moufles.


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